untitled game« X’T G’TOE B RFDQFS BQFB ! » Untitled Game.

 

Bien qu’il soit né entre les diodes des circuits électroniques, le terme « glitch » est aujourd’hui intrinsèquement lié à l’informatique en général et au jeu vidéo en particulier. Il s’agit d’une défaillance du système, d’une anomalie due à une erreur de programmation ou une limitation du software. Côté jeu vidéo, les glitchs les plus célèbres demeurent les kill screens de Pac-Man et Donkey Kong et autres jeux d’arcades, mais les générations suivantes ont également eu droit à leur lot d’erreurs cultes : Le « Minus World » de Super Mario Bros, niveau infini intitulé « -1 » accessible depuis une warp zone, le « clinger-winger glitch » de Battletoads, rendant le joueur 2 immobile et obligeant le joueur 1 à attendre sa mort pour pouvoir continuer ou encore le « MissingNo » de Pokemon Rouge/Bleu, pokémon fantôme pouvant causer une fois attrapé une avalanche d’autres glitches.

 

Divers artistes ont su voir dans le glitch une esthétique à part entière et lui ont ôté son aspect accidentel pour générer des œuvres d’art. Dans son Glitch Studies Manifesto, Rosa Menkman cite comme précurseur du glitch-art l’installation Magnet TV (1965) de Nam June Paik, distorsions provoquées sur un écran cathodique à l’aide d’un aimant, mais il est fascinant de voir comment Len Lye obtenait trente ans plus tôt des résultats similaires en peignant sur pellicule. Le glitch art a par la suite contaminé la vidéo et la musique, mais il a fallu attendre les années 2000 pour que le jeu vidéo se réapproprie cette esthétique qui lui venait pourtant naturellement.

 

La première occurrence de glitch-art intentionnel dans le jeu vidéo pourrait bien être l’Untitled Game (2001) du collectif Jodi, série de modifications du code et des graphismes de Quake pour obtenir des oeuvres d’art jouables, mais pas trop. Des développeurs de plus en plus nombreux se sont ensuite aventurés sur ce terrain, n’embrassant le glitch non plus seulement pour son esthétique, mais aussi pour les émotions et le sens qu’il peut dégager. Dans Hommage à New York, le glitch se fera auto-destruction et dans Perfect World scarification, Querido Diaro s’en servira pour représenter les effets de l’alcool et Alz ceux de la Maladie d’Alzheimer, Detuned en fera un élément de gameplay et Strawberry Cubes un monde secret à explorer.

 

Le glitch peut prendre de multiples formes et de multiples sens, mais il est, rappelons-le, avant tout une erreur. Mettre le glitch au coeur de son gameplay ou de ses graphismes, c’est ainsi chérir l’accident, l’anomalie, une manière de rappeler que l’échec est parfois plus intéressant que la réussite. Les kill screens cités plus tôt, mises en échec du jeu prouvant le talent du joueur, en demeurent les plus beaux symboles.

 

Emplois de glitches notables:

Pause Screen From Battletoads

Pause screen from battletoads

Hommage à New York

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Strawberry Cubes

strawberry cubes

Perfect World

perfect world

Picture Processing

Picture Processing

Chewpi.net

chewpi

Alz

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Querido diaro. Yo, Cuba, la gente, el trabajo, el alcohol y el resto también

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Detuned

detuned

100 Free Assets

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Ceci est le dixième article de l’OUJEDICO, rubrique s’intéressant à des termes du lexique vidéoludique, reconnus ou inventés. Son existence a été rendue possible grâce aux dons des lecteurs sur mon Tipeee. S’il vous a plu et que vous désirez en lire d’autres (ou que vous souhaitez simplement soutenir mon travail) vous pouvez donner 1€/mois à l’Oujevipo.