Hanger

Hanger, Hanger 2, Hanger 2 : Endless Level Pack (Browser)
A Small Game

 

J’ai un terrible secret.

Si chaque nouvelle perle de Troshinsky hante mes nuits une semaine avant sa sortie, si je suis capable d’entamer une grève de la faim pour qu’un nouveau Jake Elliott voit le jour, si j’ai joué plus de dix fois à chaque production de Ben Chandler…aucun des jeux de ces génies ne m’a procuré autant d’enthousiasme que la sortie de Hanger 2 : Endless Level Pack.

 

Cette confession va sans doute nécessiter quelques explications.

 

Tout a commencé quand, un brin éméché sans doute, je présentais au célèbre Rodrigue Larrache, plus connu ici sous le nom de Bealdo, mon oujevipienne sélection de jeux indés, expérimentaux, arty, biscornus, injouables parfois. Il n’en fallait pas plus pour le lancer à son tour et pour qu’il me fasse partager ses trouvailles à lui, bien éloignées de mes intérêts : jeux défouloirs, sommaires, frénétiques, vides de sens, amusants parfois. Pour le dire en peu de mots : c’était Ludum Dare contre Not Doppler. Après de longs débats houleux entrecoupés de courses au highscores, nous avons pourtant fini par trouver un point d’entente, et ce point, c’était Hanger.

 

Hanger était le concentré de ce que l’année 1998 avait fait de meilleur en termes de jeu vidéo, à savoir la corde ninja de Worms. Un subtil mélange de sadisme et de masochisme qui nous pousse à amener notre avatar jusqu’à la ligne d’arrivée non sans lui avoir fait subir les pires outrages. Une métaphore de toutes les épreuves de la vie, que l’on peut traverser aisément avec prudence et raison, mais auxquelles on ne peut s’empêcher d’échouer tellement la vitesse et le goût du risque sont plus grisants.

 

Évidemment, tous ces mots ne m’avaient pas même effleuré à l’époque tant il était hors de question d’évoquer Hanger sur l’Oujevipo : un jeu de grappin/corde ninja ? Vraiment ? J’avais comme l’impression d’avoir vu ça quelque part (You have found the grappling hook, Gravity hook, A Fishing Adventure, Final Ninja, Mr Walters Grand Excursion, Give up Robot 1&2, Streemerz, suteF, Tiny and Big, Grappling Hook, String Theory, Spidr, The Last of the Nyoms, The Legend of Super Grapple! …pour n’en citer que quelques uns)

 

Pourtant, avec le temps, la frustration grandissait. Fréquemment, je retournais vers un tour du côté de chez A Small Game rien que pour jouer à Hanger encore une fois. J’en profitai alors pour découvrir au fur et à mesure leurs autres productions et trouvai là un excellent moyen de me dédouaner. Sur l’Oujevipo, je présentai ainsi le remarquable Intruded et l’hilarant A Small Car, ce qui m’aida à me sentir quitte avec le studio, à ravaler ma culpabilité. J’étais enfin serein, mais cet état ne pouvait qu’être que de courte durée car bientôt, Hanger 2 fit son apparition.

 

On dit que les suites valent rarement les originaux, le dicton ne s’applique pas à Hanger 2. En employant le même concept, les même mécanismes, la même poupée de chiffon, Hanger 2 s’élève bien au delà de son aïeul en présentant des décors moins abstraits, pourvus de backgrounds très inspirés, en étant accompagnés par une délicieuse musique 8-bit, en ayant discrètement amélioré le système de la corde, en proposant des niveaux plus pervers encore , allant jusqu’à introduire des objets animés. Hanger 2, c’est Hanger en mieux.

 

Mais là encore, je ne parvins pas à lui trouver une place sur l’Oujevipo. Je n’allais tout de même pas traiter d’une suite sans avoir traité le premier opus ? Ce ne sont pas des choses qui se font ! Je commençai presque à ressentir de l’aversion, de la rage envers ce jeu qui ne voulait pas se laisser présenter, après tout, Hanger n’est pas bien loin d’Anger, mais le problème venait en fait de moi. Pourquoi cette honte d’apprécier un jeu qui n’a aucune autre prétention que celle (immense) de nous amuser ? Peut-être parce qu’au fond, Hanger n’exige pas grand chose de nous, ni réflexion, ni stratégie, ni grande habileté. Terminer un de ses niveaux est souvent moins gratifiant qu’y échouer lamentablement. Le sourire au coin de lèvres ne se dessine pas à la vue de la ligne d’arrivée, mais à celle du python rocher qui arrive beaucoup trop vite et qui va nous disloquer en mille morceaux. Comme évoqué plus haut, Hanger n’a rien de difficile, et il suffirait de se balancer lentement de corde en corde pour terminer du premier coup le plus hardcore des niveaux…mais cela n’aurait rien d’amusant. Voilà pourquoi Hanger est si honteux : parce qu’avouer l’apprécier, c’est avouer ne pas savoir refréner ses pulsions. Dire « j’aime Hanger », c’est comme dire « j’aime rouler à 150 sur les routes de village à la sortie des écoles ».

Je n’étais pas encore prêt pour une telle confession.

 

Voilà alors qu’A Small Game sort un nouvel opus : Hanger 2 : Endless Level Pack.

Pourquoi pas Hanger 3 ? Facile : parce qu’Hanger 2 touchait déjà à la perfection, parce que plus rien n’avait besoin d’être amélioré, parce que la seule chose que les joueurs désirent c’était de pouvoir jouer à Hanger jusqu’à la fin des temps. En plus de présenter 23 nouveaux niveaux plus longs que ceux dont on avait déjà l’habitude, Hanger 2 : Endless Level Pack dispose comme son nom l’indique d’un niveau Endless, généré aléatoirement. C’est tout ce qu’il lui fallait pour entrer dans une toute nouvelle dimension : celle des high scores. Cette fois, enfin, on peut s’appliquer, on peut se frotter à un véritable challenge sans craindre de finir le jeu trop rapidement, cette fois, enfin, on joue pour gagner.

 

Voilà une des raisons pour lesquelles j’étais si enthousiaste, parce qu’enfin je vais pouvoir vivre au grand jour ma passion pour Hanger sans que l’on me prenne pour un détraqué.

La seconde raison, c’est que suite au couronnement de Fez à l’IGF, et à toute la polémique qui a suivi, j’en viens à chérir particulièrement les studios comme A Small Game, qui continuent à produire et distribuer gratuitement des jeux exemplaires sans prendre la grosse tête, et que parler d’Hanger est le moyen d’enfin leur rendre hommage.
La troisième raison, c’est que c’est article n’est qu’un prétexte honteux pour annoncer à Rodrigue Larrache que je vais exploser son high score à Hanger ! Tremble !

← Previous post

Next post →

4 Comments

  1. Rodrigue L. / Bealdo

    exploser mon high score revient à dire que dans un combat entre un bombardier et un mec avec un arc, le mec à une chance de dégommer le bombardier

  2. Rodrigue L. / Bealdo

    et t’as oublié de citer Plumet en intérêt commun

  3. admin

    Certes, mais je l’ai linké secrètement, ça compense ?

  4. Rodrigue L.

    t’es pardonné.

Répondre à Rodrigue L. / Bealdo Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *