Prom Week (Browser)
Expressive Intelligence Studio (dont Michael Mateas)

 

Si le jeu Les Sims a connu le succès qu’on lui connaît, c’est qu’il parvenait par sa richesse à ravir tout type de joueurs :
– Les carriéristes, qui prenaient plaisir à faire grimper les échelons à leur personnage, à lui faire gagner plus d’argent, à lui offrir le meilleur train de vie possible.
– Les architectes, pour qui le design initial de la maison était la meilleure partie du jeu, et qui n’hésitaient pas à utiliser des cheatcodes dans cette optique.

– Les sadiques, adeptes du clown triste et de la piscine sans échelle.

– Et enfin les conteurs, qui tentaient, en dépit des limitations du jeu, de créer des histoires entre les personnages, des conflits, des romances, des tragédies. Ceux là seront ravis de découvrir Prom Week.

 

Prom week est en effet un jeu de simulation s’intéressant uniquement à l’aspect social. Il prend place dans un lycée américain, et se déroule durant la semaine précédant le bal de promo. Les lycéens n’ont alors plus que quelque jour pour forger de nouvelles amitiés, trouver cavaliers et cavalières ou encore finalement vider leur sac et prendre leur revanche sur tous ceux qui les ont méprisé pendant ces longues années. Six histoires sont ainsi disponibles (et deux autres devraient l’être bientôt), chacune concernant les objectifs d’un personnage. Le joueur devra donc tenter de remplir tout ou partie de ces objectifs en manipulant tout ce petit monde.

 

 

Les interactions prennent une forme très similaire à celle des sims : en cliquant sur un personnage, puis sur un autre, le joueur se voit présenté tout un éventail d’actions, allant de l’insulte au flirt. Comme dans les sims également, toutes ces actions ne sont pas toujours disponibles, deux amis n’auront ainsi pas par défaut la possibilité de s’écharper…mais cette fois, tout éventualité devient possible, grâce à une jauge d’énergie en bas à gauche de l’écran. Cette énergie peut être utilisée pour débloquée certaines interactions à priori impossibles ou encore pour prévoir et même modifier les réactions des personnages. La botte secrète du marionnettiste.

 

Cette « triche » est toutefois très limitée, et il faudra ruser pour arriver à ses fins. C’est la que Prom Week révèle toute sa profondeur et sa supériorité vis à vis des Sims et autres jeux du genre. Les relations entre les personnages ne sont pas uniquement réciproques, elles forment tout un réseau complexe s’étalant sur trois plans : l’amitié, la romance et l’admiration/respect. Exemple : si Chloé rompt avec Doug, leur romance sera évidemment brisée, mais l’amitié de Chloé et Edward peut en sortir renforcée car Edward déteste Doug, tandis que Kate, qui est une gentille fille, peut montrer moins de respect envers Chloé et plus de compassion envers Doug. Un véritable sac de nœud !

 

N’allez pourtant pas penser qu’il s’agit d’un simple jeu de narration logique, s’apparentant à Theatrics ou à Storyteller : les intelligences artificielles de Prom Week ont leur part d’imprévisibilité, et insulter une personne sera parfois le meilleur moyen de gagner son respect. Rien n’est écrit à l’ava nce, et plus que logicien, le joueur se fait alchimiste. En ce sens, c’est plutôt de Façade, projet antérieur de Michael Mateas, que Prom Week peut être rapproché.

 

Cette seule complexité des interactions sociales porte Prom Week à bout de bras, et on veut bien, pour l’expérience, oublier la pauvreté de ses animations, de ses dialogues, ainsi que la longueur de son tutoriel. Le jeu étant encore en beta, on peut de toute manière espérer que ces défauts soient corrigés à terme. En attendant, il fait frétiller notre imagination, et c’est déjà une réussite.