PoleRiders

PoleRiders (Browser)
Bennett Foddy

 

 

Foddy, le créateur de QWOP et GIRP vient de dévoiler son nouveau jeu, et pour une fois, il ne s’agit pas d’une simulation de sport injouable…

…nan je déconne…

…mais pas tant…

…et pourtant si.

 

C’est cette fois au tour du saut à la perche d’être ridiculisé. Le joueur est amené à brandir une perche mollement phallique et à la diriger à l’aide des touches directionnelles (ou WASD). Déjà on tique : où sont les traditionnels contrôles absurdes de Foddy ? Où sont les luxations du poignet pour tenter d’attraper la prise la plus proche ou de courir plus de 8m50 ? Les fans seront peut-être déçus d’emblée, et pourtant, je l’affirme : PoleRiders est de mon point de vue la plus grande réussite de l’auteur.

 

 

Certes, la perche de PoleRiders n’est finalement pas si difficile à maîtriser, un mode entraînement permet d’ailleurs de bien se familiariser avec son fonctionnement. Autant dire qu’il n’y aura pas cette fois de vidéos de hardcorde gamers sur Youtube pour nous impressionner par leur performance (comme celle-ci ou celle-là).

Pourtant, Foddy ne trahit pas et nous donne exactement ce qu’on attendait de lui : un jeu complètement injouable et suscitant les situations les plus ridicules qui soient. Comment ? En remplaçant la difficulté des commandes par un deuxième joueur.

 

Imaginez un QWOP avec un deuxième coureur qui vient emberlificoter ses jambes dans les vôtres, imaginez un GIRP avec un concurrent qui vient vous chipper vos prises et vous donne des coups de pieds pour que vous laissiez tomber…voilà, PoleRiders c’est à peu près ça.

 

Le principe ennuyeux du saut à la perche (sauter par dessus des barres de plus en plus hautes) et remplacé par un autre sport, bien plus singulier. Il faut ici donner des coups de pieds et coups de perches à un ballon suspendu dans les airs à l’aide d’une ficelle, et le faire glisser jusqu’au camp adverse. Les deux joueurs se font donc face, perche à la main, tels deux chevaliers en lice ou deux duellistes de Nidhogg, sentiment appuyé par la présence des châteaux, et que le plus habile gagne !

 

Complètement stupide n’est-ce-pas ? Mais attendez la suite : voilà que les joueurs entremêlent leurs perches, grimpent sur celles de l’adversaire, se font projeter dans les airs, s’écrasent, se donnent de meurtriers coup de pieds…bref : accumulent un nombre de techniques à faire pâlir Street Fighter 2 rien qu’avec…4 boutons.

 

Maintenant je sais que vous mourrez d’envie d’aller kidnapper votre voisin pour l’installer avec vous devant le clavier et qu’il est inutile que j’en dise davantage. Mais attendez encore un peu, car j’aimerais attirer l’attention sur un dernier point : Avec PoleRiders, Foddy a non seulement donné naissance à un gameplay hors du commun autant qu’infiniment fun, il a également inventé une nouvelle manière de créer la bande son d’un jeu vidéo. PoleRiders ne comprend pas la moindre musique et pourtant, il ne manque pas de mélodie. Cette mélodie, ce sont les joueurs qui l’écrive, par le biais de leurs actions. Chaque effet sonore a été composé sur un instrument à corde (violon, alto, violoncelle, contrebasse, banjo, ukulele…je vous laisse juge) : le pas de course de chaque joueurs est un pizzicato aux tons distincts, la torsion des perches par des pincements de cordes, la chute des joueurs par d’autres pincements plus sourds, la mort par un violent coup d’archet…Résulte alors de chaque partie une douce cacophonie en accord parfait avec l’action.

 

Certes, de nombreux jeux musicaux ont déjà exploré cette idée de mélodie interactive (je pense à Drop par exemple), seulement voilà : PoleRiders n’est PAS un jeu musical. Il est d’ailleurs tout à fait possible de jouer plusieurs partie sans même remarquer cette singularité. PoleRiders est un jeu défouloir, un jeu con qui a simplement bénéficié d’un soin exemplaire. C’est un geste d’amour immodéré pour les joueurs qui n’y passeront peut-être pas plus de dix minutes. C’est une véritable œuvre d’art vidéo-ludique, sans toute la prétention que le terme sous-entend, avec tout le talent que celui-ci implique.

 

Voilà pourquoi je pense que PoleRiders est de loin la plus grande création de Bennett Foddy et accessoirement, le plus amusant jeu de sport de tous les temps.

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5 Comments

  1. Pyrofoux

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    Écrase ton adversaire avec ta baguette en shootant des symboles anglais. 😀 Que demander de plus pour un pauvre gamer dégouté comme moi ?

  2. Qu’entends-tu par symboles anglais ? je n’ai pas compris.

  3. Pyrofoux

    Oh. Juste des cabines téléphoniques et des bus rouges à 2 étages. 🙂

  4. Ah voui tiens!

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