Bisected Essence II

Bisected Essence II (Browser[Unity])
Elijah Tebbetts

[Rappel : Maj+alt pour basculer en Azerty]

La mini LD 25 « Le pire jeu qui vous n’ayez jamais fait » est décidément une bénédiction. Voilà qu’une nouvelle perle s’ajoute à la liste, et celle-ci porte le mystérieux nom de Bisected Essence II.

A-t-on seulement déjà entendu parler d’un Bisected Essence I ? A-t-on seulement idée de ce que peut être une essence divisée en deux? Bisected Essence II signifie-t-il que l’essence originale a finalement été divisée en quatre?

Ce qu’il faut savoir, c’est que Bisected Essence participe aussi à l‘Experimental Gameplay Project des mois de Mars Avril dont le thème est : Pâles copies. Dès lors, le voile se lève un peu. C’est finalement la vision de ce barbu en combinaison orange qui joue le rôle de révélation. Par glissement synonymique, Bisected Essence II devient Half Life II.

On reconnaît alors les wagons, les grillages, les geôliers robotiques, les drones volants et les canettes de la première mission de Half Life II. Bisected Essence II serait alors bien une copie. Mais pâle? Ça reste encore à prouver.

Si Bisected Essence II s’inspire d’un FPS, il n’en garde niveau gameplay que le F, et le P. Un jeu à la première personne donc, mais sans autre violence qu’une violence mentale. En effet : Si l’univers de Half Life II avait pu vous paraître en 2003 original, il ne tient pas la comparaison face à celui de Bisected Essence. Tout ici est profondément anxiogène : Centaines d’yeux rivés sur vous, prédominance outrancière de gris, textures étranges, balayages lumineux et surtout…cette musique…

…Cette musique qui est sans doute la plus grande réussite de Bisected Essence II. Une multitude de sons inquiétants mis en boucle, se recouvrant peu à peu d’aplats sonores, augmentant en volume, jusqu’à créer une harmonieuse cacophonie qui pourrait bien être la némésis de la musique New Age. Une dézenification radicale.

Quelques minutes suffisent pour pénétrer corps et âme dans cette ambiance angoissante. Reste maintenant à savoir ce qu’il faut y faire. Eh bien…pas grand chose, explorer, jouer à se faire peur, repousser toujours plus loin les limites de l’espace visité. La force de cet univers pourtant très réduit est justement de vous tromper à plusieurs reprises sur ses limites. Une première fois, alors qu’on pense avoir fait le tour, on découvre qu’on peut se faufiler entre les wagons et découvrir un tout nouvel espace. Une seconde fois, alors qu’on pense que cette fois, c’est la bonne, on se dit qu’on pourrait peut être réussir à grimper tout la haut…et on réussit. Une troisième fois on est prêt à quitter le jeu, et la découverte d’un petit escalier qui semble alors accessible nous incite à continuer. Un quatrième fois, on réalise que grimper sur la tête des personnages a un potentiel vomitif impressionnant…

Tout est tordu, bizarre, baclé, si bien qu’il est impossible de séparer ce qui tient de l’erreur de programmation et ce qui relève du génie. En réalisant Bisected Essence II, Elijah signe assurement le plus mauvais jeu de sa carrière. Mais il signe aussi le meilleur, car Bisected Essence est le premier.