eschatonEschaton (Browser [Firefox de préférence])
Kamil Szczerba

 

Inscrire son récit sur une ligne, avec un début, un milieu et une fin, ce n’est pas très compliqué, et pour tout dire assez commun. Inscrire son récit sur un cercle, c’est tout de suite une autre paire de manches. On peut bien sûr penser aux morlaques, ces récits qui se mordent la queue, mais ce n’est pas le choix d’Eschaton qui préfère voir dans chaque hémicycle une zone géographique, que celle-ci soit physique ou mentale.

 

Réalisé pour la Ludum Dare 31, Eschaton répond parfaitement au thème « Entire game on one screen » puisque tout s’y déroule sur le cercle visible à l’écran, et le minimalisme de cette mise en scène n’entrave en rien le récit, au contraire. Dans cette 1D circulaire, nous ne sommes qu’un point, avançant, circulant (au sens étymologique du terme) au gré des clics de la souris. Le cercle représente un espace, avec ses bâtiments, ses habitants, mais il représente aussi l’avancée du temps, et par là même des conversations que nous avons en chemin. Histoire d’ajouter une contrainte, chaque hémicycle correspond à un monde différent : le monde réel, physique, et le monde intérieur, mental. Et c’est autour de ces deux lieux que le récit va bien sûr s’articuler.

 

Format oblige, ce récit se révèle extrêmement linéaire, et contrainte des 72h impose, il est bien loin d’exploiter à 100 % le potentiel de son gimmick narratif. On aurait aimé pouvoir se déplacer plus librement sur le cercle, en reculant avec le clic droit par exemple, et on aurait apprécié un récit plus long, plus abouti. Mais le pari d’Eschaton est tout de même réussi : la contrainte narrative pourtant difficile est respectée, et on parvient à s’attacher à des personnages qui ne sont que des points, inscrits sur un cercle parmi une infinité d’autres.