Blood Hands

Blood Hands (Browser)
Remiz

J’imagine qu’il vous est déjà arrivé, en regardant un gros film d’action, de pester contre cet ennemi stupide qui tient le héros en joue et préfère lui parler pendant de longues minutes et lui révéler tous ses plans plutôt que de tirer purement et simplement. Oui parce que en quelques minutes, dans un film d’action, il peut s’en passer des choses, et que si c’est encore pour voir Bruce Willis gagner à la fin, ça valait vraiment pas le coup d’acheter ce DVD.

Maintenant que c’est vous le héros, et que votre ennemi juré vous tient en ligne de mire avec un révolver, un fusil à pompe ou même un lance roquette, je suis sûr que vous commencez à regretter qu’il n’ait pas un petit speech à vous soumettre.

Blood Hands est un one-button game dans la lignée de Spike : A Love Story, bien que « lignée » ne soit pas le terme adapté puisqu’il lui est antérieur d’une poignée d’années. Là encore, il suffit de presser la barre espace au bon moment, et de mémoriser une suite de comportements, seulement, vous ne jouez plus la vie des autres, mais la votre, vous êtres la cible, et seul un coup de pied bien placé pourra vous sortir de ce mauvais pas.

Blood Hands fait donc appel à vos réflexes, à votre mémoire, mais aussi, et c’est ce qui le rend si original : à votre faculté d’observation. Il ne s’agit pas de faire dévier le coup de feu avant que votre ennemi tire, non, il s’agit de le faire dévier JUSTE AVANT que votre ennemi tire. Et pour cela, il n’y a qu’une seule solution : attendre de lui le subtil mouvement qui signifie qu’il s’apprête à presser la gâchette. En cet instant seulement, qui dure moins d’une demi-seconde, vous aurez une chance de le désarçonner. Ce signe, ce peut être n’importe quoi, son poing qui se serre, un mouvement de recul du pied, l’ajustement de son angle de tir…bref : le moindre mouvement qui paraitra sur l’écran.

Il semble bien sûr impossible de terminer Blood Hands du premier coup, heureusement, les mouvements exécutés à chaque niveaux seront toujours les mêmes, et dans le même ordre. N’allez pourtant pas croire que votre mémoire suffira à en venir à bout. Attendez, ce type est debout, avec une arme braquée sur vous, et vous, rampant sur le sol, vous n’avez…rien. Vous espériez que ce soit facile de vous en sortir ? Pour corser le jeu, le délai qui vous est accordé est donc déterminé aléatoirement, ne songez tout de même pas à une dernière prière ou à une dernière cigarette, ce délai ne dépasse que rarement les deux secondes. Le jeu contient 15 niveaux, avec une vraie fin, qui a sue me faire sourire. Je vous suggère donc de perséverer.

A ce gameplay plaisant et original s’ajoute une ambiance très particulières. Les personnages sont griffonnés en noir sur un fond désespérément blanc . Ce grand espace vide confère une atmosphère oppressante au jeu, tandis que les personnages mal dégrossis permettent évidemment une meilleure identification. Finalement, le seul contexte qui vous est donné réside dans la description du jeu écrite par Remiz : « La mafia vous a attrapé, et il est venu le temps de vous faire taire définitivement. ». Selon moi, cette indication est une erreur : Je n’ai rien à craindre de la mafia, je ne l’ai jamais fréquentée, elle n’a aucune raison de vouloir me faire taire. Je veux pouvoir profiter de ces graphismes neutres pour m’identifier à la victime au maximum, et placer dans la peau du tueur l’incarnation de mes frayeurs. Fort heureusement, cette indication est extérieure au jeu, et je peux faire le choix de ne pas en tenir compte.

Le choix de la musique pourra surprendre. Une musique douce, au piano et aux cordes que je ne parviens pas à identifier (Remiz, si tu passes par là…), on pourra même y entendre quelques chants d’oiseaux (enfin je crois…à moins que ça vienne de dehors). Si l’on reprend l’analogie avec la scène de fil d’action, on aurait pu s’attendre à un morceau plus musclé, plus dramatique, mais malgré son thème froid et violent, Blood Hands est avant tout un jeu d’observation, qui nécessite par conséquent du calme et de la relaxation, en cela, cette musique fait parfaitement l’affaire.

Fait amusant, le jeu comporte quelques micro-bugs qui ne perturbent absolument pas la jouabilité, mais qui au contraire, apportent une valeur ajoutée à l’expérience. Si au lieu de presser la barre espace au bon moment, vous la maintenez appuyée, votre pied demeurera en l’air, prêt à frapper, tandis que votre adversaire retiendra son tir. Lorsque vous la lâcherez, le tir sera esquivé et le jeu reprendra comme si rien ne s’était passé. Mais il s’est pourtant passé quelque chose. Pendant quelques secondes, quelques minutes peut-être, vous avez pu fixer votre tueur dans le blanc des yeux, et lui, pour une raison inexpliquée, s’est refusé à tirer. Peut-être avez vous pu échanger quelques paroles pendant ce laps de temps, peut-être a-t’il réalisé que tuer un homme, quand bien même a-t-il quatre vies, n’était pas une chose si aisée. Peut être, quand vous relâchez la barre espace, a-t-il volontairement manqué son tir…A votre imagination de venir combler cet arrêt dans le temps.

En pressant la barre espace deux fois très vite, vous pouvez aussi donner deux coups de pieds au lieu d’un, et ainsi faire tirer votre adversaire deux fois. Bon, là, tout de suite, c’est beaucoup moins intéréssant.