Yeti (Windows)
Mare Sheppard
Adventure Game Studio.
Le nom de ce logiciel de création de jeu vidéo point & click est-il encore pertinent quand on voit la diversité des jeux qui en ressortent ? L’aventure a-t-elle encore quoi que ce soit à voir là dedans ?
Tout comme What Linus Bruckman Sees When his Eyes are Closed, Cart Life ou Prime Minister’s Questions, Yeti rompt avec la logique habituelle du point & click et en détourne les codes du logiciel AGS pour créer…autre chose.
Yeti met en scène une petite équipe de tournage décidée à tourner un documentaire sur le légendaire abominable homme des neiges. Ce documentaire, c’est le jeu, strictement. Le temps passe en temps réel et le joueur, qui semble incarner indistinctement tous les membres de l’équipe, se doit de garder la créature dans le champ de sa caméra et de suivre le moindre de ces déplacements. Si un mauvais cadrage n’a rien de pénalisant (contrairement à un UFO on Tape par exemple) ce seul principe parvient à pimenter une narration linéaire et au final assez peu interactive.
Yeti comprend tout de même quelques interactions typiques du point & click : détourner l’attention d’un voyageur pour lui chiper ses lunettes par exemple, mais rien qui ne s’apparente réellement à une énigme. Le jeu est volontairement facile pour mieux se plier à la contrainte du temps réel : le joueur bloquerait 3 heures sur un même écran que cette illusion serait vite estompée.
Pour compenser ce gameplay certes original, mais assez peu excitant, il fallait mettre les bouchées doubles du côté de la narration. Impératif que Mare Sheppard semble s’être fait plaisir à exécuter. La narration se fait essentiellement à travers la voix off du documentaire, ce qui permet un ton subjectif, animalier et aussi plein d’ironie tandis que l’histoire en elle-même navigue sur les frontières d’un doux absurde entre celui d’Executive Koala et celui de Chicken Boo.
Pas vraiment jeu, pas du tout documentaire, pas jeu-documentaire pour un sou, ce Yeti qu’on ne pourra guère qualifier de documentaire-jeu mérite donc le téléchargement aussi bien pour son originalité et pour son humour que pour la beauté de sa réalisation.
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