Il y a des jeux comme ça qui marquent les esprits. D’abord on commence à en parler sur les sites indés, puis la nouvelle se répand comme une trainée de poudre : on commence à chuchoter leur nom sur les forums plus grands publics, de premières reviews voient les jour sur les jeuxvidéo.com, gamekult et consort, et puis parfois, consécration ultime, leur nom finit par apparaître dans les magazines papiers. Je pense à World of Goo, je pense à Machinarium, je pense à Braid, je pense à Minecraft…mais je pense aussi à VVVVVV.
Si je comprends et suis ravi du succès des jeux précédemment cités, VVVVVV quant à lui demeure pour moi une énigme. Que possède donc ce jeu qui puisse lui faire accéder au statut de porte-étendard du jeu vidéo indé ? Je ne dis pas qu’il le mérite pas, VVVVVV est un excellent puzzle platformer au concept innovant et au level design remarquable. Je me demande juste : Pourquoi lui ? Des jeux de ce genre et de cet acabit, je pourrais en citer…allez…une bonne dizaine, qui eux sont loin d’avoir connu le même succès. Et si j’adore Terry Cavanagh, je préfère à VVVVVV son Pathways ou son Phobiaphobiaphobia.
Je n’ai pas d’élément de réponse. Tout ce que j’ai, ce sont de continuelles preuves de son succès. Parmi elles : La parodie, la satire, le mashup, le demake…appelez ça comme vous voudrez. Il y avait d’abord MMMMMM qui narrait le processus d’achat de VVVVVV, il y a maintenant YYYYYY, son clone en ASCII.
Peu de jeux indés peuvent se vanter d’avoir été parodié, moins encore peuvent se vanter de l’avoir été deux fois. Je crois que la parodie est la meilleure des récompenses pour un game designer : Elle implique que quelqu’un a tellement aimé ce jeu, qu’il a consacré plusieurs heures de son temps afin de lui rendre hommage, et elle implique qu’assez de personne ont joué au jeu pour que la parodie puisse être pertinente et toucher un public.
Mais bref, parlons de YYYYYY puisqu’il porte le titre de cet article.
Je disais qu’il était un clone de VVVVVV, mais ce n’est pas tout à fait exact : Il en reprend le gameplay, le format, les couleurs, mais ses niveaux sont eux complètement inédits. YYYYYY ressemblerait davantage à un « player’s pack », mais en ASCII…et je peux vous promettre que ça change tout! Enfin…ça ne change pas grand chose, au final, on finit par ne plus voir la différence entre VVVVVV et YYYYYY, tout comme, à les regarder longtemps, vous ne parviendrez plus à faire la différence entre ces deux titres…et c’est justement ça qui change tout! YYYYYY, c’est VVVVVV, en mieux, justement parce que ce n’est pas VVVVVV. Est-ce que je me fais bien comprendre ?
Au final, je préfère largement YYYYYY à VVVVVV, d’abord parce qu’il est gratuit (héhé) ensuite parce qu’il fournit strictement la même expérience de jeu, avec une lourde contrainte graphique en plus qu’il utilise à merveille, les lettres étant tantôt choisies pour leurs formes (les A et Y qui forment les pics), tantôt pour les mots qu’elles forment entre elles. Ainsi agencées, elles sont d’autant plus menaçantes. Voyez l’énoncé performatif de cette capture d’écran : « Words are here to kill thee », c’est par sa seule existence qu’il se justifie.
Mais YYYYYY n’aurait jamais pu exister sans VVVVVV, et quand bien même il aurait pu, je ne l’aurais pas apprécié sans VVVVVV pour le précéder. Je dois donc moi-aussi rendre hommage à Terry Cavanagh et le remercier pour son jeu, que j’apprécie peut-être pour la première fois à sa juste valeur.
Sinon, à part ça, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais il y a souvent des petites phrases à la fin de mes articles, complètement hors contexte qui semblent avoir été greffées de force ? Eh bien cela se produit quand, une fois l’article écrit, je me retrouve avec quelques sujets dans mes notes que, lancé dans l’écriture, je n’ai pas réussi à aborder. Cela se reproduit cette fois encore, et je tiens donc simplement à vous dire que YYYYYY comprend 7 campagnes, d’auteurs différents (Robson, Rox et Articwolf15), un mini-jeu à la plumet, ainsi qu’un écran de crédits jouable que je trouve très ingénieux. Voilà, désolé d’avoir brisé l’emphase.
Pnume
Adoré VVVVVV, sa copie n’en est que plus savoureuse 🙂
Fringale
Un complément d’info express : la nouvelle version de VVVVVV sortie à l’occasion du [url=http://www.humblebundle.com/]Humble Indie Bundle 3[/url] inclut [url=http://distractionware.com/blog/2011/07/vvvvvv-version-2-0-launches-in-the-new-humble-indie-bundle/]dix nouveaux niveaux réalisés par des invités[/url], parmi lesquels Robson l’auteur de YYYYYY, Notch, Jonathan Whiting, et d’autres. Ceci rendu possible grâce à l’ajout d’un éditeur de niveaux. L’occasion de se rendre compte qu’il y a eu encore d’autres [i]demakes[/i] de VVVVVV !
Disclaimer : je n’ai pas encore joué à VVVVVV – mais je me soigne. Merci le Humble Bundle pour les versions Linux ! : )
admin
Rhaaa! Ne me parle pas de cet Humble Bundle! Je n’ai même pas encore eu le temps de finir les jeux du premier, et je ne parle pas de ceux du deuxième…en plus là je suis en train de me refaire Lugaru en mode Hard, je suis pas prêt de découvrir ces autres bijoux.