Tiny and Big (Windows, Mac, Linux) [Démo]
Black Pants Game Studio
Tout commence comme un gag de Laurel et Hardy qui aurait viré au graveleux. Il y a Tiny, le grand, et Big, le petit. Big a volé le slip de Tiny, et Tiny le poursuit pour le récupérer. Là où ça dérape complètement, c’est quand Big acquiert un pouvoir de téléportation en enfilant le slip sur sa tête et Tiny se met à découper des rochers à coup de fusil laser. C’est à partir de ce moment précis qu’on se dit que Tiny and Big a tout le potentiel d’un très grand jeu.
Je n’ai pas l’habitude de faire la promotion de jeux indés payants. Je n’ai absolument rien contre eux et en suis moi-même friand, mais quand on choisit une ligne éditoriale du gratuit, il faut s’y tenir, et puis je peine déjà bien assez pour couvrir ce qui se fait d’original dans le gratuit pour me disperser dans le commercial. Mais la démo de Tiny and Big, premier chapitre du jeu, elle, est gratuite, et pour l’avoir jouée jusqu’au bout, j’affirme qu’elle est suffisamment riche pour être jouée comme un jeu à part entière, sans pour autant générer trop de frustration. Je ne vous vend donc pas ici Tiny and Big, mais seulement sa démo. A vous de suivre le site de Black Pants Game Studio si vous voulez en savoir plus.
Tiny and Big, c’est avant tout un univers graphique frais et original. Modélisation 3D et dessins se mélangent pour créer une ambiance de bande dessinée. Que les choses soit claires, il n’y a rien que je déteste autant que d’entendre parler d’esprit, ou d’ambiance « bande dessinée » à propos de tout et n’importe quoi sous le seul prétexte que cela ne se prend pas au sérieux. La bande dessinée est un média et ne possède d’autres caractéristiques intrinsèques que ses cases, ses espaces inter-iconiques et ses phylactères. Mais pour le coup, oui, Tiny and Big évoque la bande dessinée, tout comme Comix Zone, Storyteller, « ! », et très peu d’autres jeux finalement. Pour Tiny and Big en l’occurence, il s’agit des comics américains, avec son héros masqué et surtout ses onomatopées à outrance. Le style graphique, quant à lui, m’évoque celui de Guy Davis (BPRD, Lucha Libre, Les Zombies qui ont mangé le monde…) ou plus encore celui de Run (Mutafukaz), habile synthèse des savoir-faire américains et japonais.
Mais si Tiny and Big aurait mérité son prix étudiant de l’Independant Game Festival rien que pour son graphisme, son gameplay original a du lui faire accéder à la première place encore plus facilement.
Avec son apparence de Shooter à la troisième personne, Tiny and Big jette une nouvel motte de terre sur le fusil mitrailleur déjà presque enterré. On parle bien de fusil ici, de deux fusils même, mais aucun de ceux là contient la moindre balle.
Le premier est un fusil harpon, et permet d’harponner les plus gros blocs de pierre pour ensuite les tirer vers soir.
Le second est un fusil laser, et permet de couper dans la pierre comme dans du beurre.
Dans un désert rocheux, Tiny devra donc remodeler son environnement pour se frayer un chemin jusqu’à Big. « Remodeler » est un mot un peu faible tant il s’agit en fait de détruire, de foutre en l’air des constructions naturelles vieilles de plusieurs millénaires pour remettre la main sur son précieux slip. Dois-je préciser que c’est extrêmement jouissif ?
Ces deux outils donnent à Tiny and Big des allures de puzzle : Vous disposez d’un harpon, d’un laser, et d’un pilier rocheux. Vous devez traverser ce fossé. Comment allez-vous vous y prendre?
La réponse apparaît assez clairement : Je vais me servir du pilier pour faire un pont. Après ce moment d’illumination, on se dit que ça y est, on va passer à l’étape supérieure. Mais en découpant le pilier on réalise qu’il ne tombe pas du bon côté, ou qu’il est trop court, ou trop haut pour qu’on puisse grimper dessus…et c’est là que l’amusement commence vraiment. On taille un coup par ici, on tire un coup par là, on essaye, on se ramasse, on traine un autre rocher pour faire contrepoids, on agrippe à un pilier de l’autre côté…bref : On bricole, et soudain, tout l’aspect puzzle se volatilise. Il n’y a pas qu’une solution pour passer une étape de Tiny and Big, mais une infinité, et les expérimenter les unes après les autres est un plaisir sans cesse renouvelé. On est presque content d’échouer, de tomber dans le vide ou de se faire écraser par un gros rocher, juste pour pouvoir recommencer différemment. L’avant-dernière étape de cette démo notamment, a du m’occuper pendant une bonne demi-heure, tant les lois de la physique semblaient se concerter pour me voir perdre. Et je les en remerciait.
C’est ce côté bac-à-sable qui donne à Tiny and Big toute sa fraicheur. Rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme. Et si le cœur vous en dit, vous pourrez transformer le monde de Tiny and Big en un véritable bac-à-sable, il vous suffira d’un peu de patience, et de quelques milliers de coups de laser.
misterleon
aaaa je suis entièrement d’accord sur le passage sur l’ambiance bande dessinée.
admin
Oui, ca fait partie des tics insupportables de la critique. Un peu comme « Dantesque » et « Kafkaïen »