Improviso (Windows)
Singapore MIT GAMBIT lab

 

4 Juillet 2010. Tandis que le ciel des États Unis se paraît de feux multicolores pour célébrer une indépendance durement arrachée à ces foutus rosbifs, celui de Winnipeg, Canada, était parcouru d’une bien curieuse étoile filante. Curieuse, car d’habitude, les étoiles filantes ne clignotent pas, et ne viennent pas s’écraser au beau milieu du désert. Il n’y a pas de désert aux alentour de Winnipeg? Allez, on ne va pas chipoter.

 

Les météorites n’émettant que très rarement des signaux radio, on statua rapidement sur l’arrivée sur Terre d’une navette extra-terrestre. Le président de Canada, dont de toute façon personne ne connait le nom, instaura immédiatement un plan d’urgence, et un camp militaire, baptisé Zone 51 en référence à une boisson exotique, fut installé autour du point d’impact.

 

Ted Jameson, journaliste au Wassup Winnipeg vit là le scoop qu’il attendait depuis le début de sa carrière, enfin quelque chose qui allait le changer des caribous écrasés! Il prit son courage et son appareil photo à deux mains et se rendit au plus vite sur les lieux. Mais à peine eu-t-il le temps de distinguer le vaisseau que sa vue soudain se brouilla.

 

Il n’émergea que quelques minutes plus tard…

 

 

-Hein? Quoi? Où-suis-je?

C’est un mastard en costard qui lui donna la réplique :

-Vous êtes dans une zone de haute sécurité, totalement interdite aux journaleux dans votre genre. Mais ça, j’imagine que vous le savez déjà. Quant à savoir pourquoi vous êtes ligotés sur cette chaise…vous pouvez par conséquent le deviner tout seul.

-Qui..qui êtes vous?

-Agent Smith du FBI.

-Will Smith?

-Non…John Smith.

-Ah oui, je me disais aussi que l’autre était noir, et tout gringalet.

-Oh, ca c’était avant, dans le Prince de Bel Air. Maintenant il a pris des biceps. Vous l’avez vu dans I am Legend?

-Non…C’est bien?

-Bof…j’ai toujours préféré le Will Smith des débuts, quand il rappait tout ça…

-Haha oui! « Welcome to Mi-a-mi… »

– « Bienvenido a Mi-a-mi! »

-Vous faites bien l’accent porto-ricain.

-Merci.

-Et sinon, vous comptez me libérer?

-Ah euh…oui…vous avez l’air d’un bon gars. Je vais vous défaire de ces liens. Vous savez…c’est la procédure…

 

-Une minute!

Alors que John Smith venait de défaire les liens de Ted, un nouvel agent Smith fit irruption dans le hangar.

-Woah! Deux agents Smith! C’est comme dans Matrix!

-A la différence qu’il n’y a qu’un seul agent Smith, et c’est moi! Celui que vous preniez pour moi est un vérité un alien du nom de K17 qui se fait passer pour moi!

-Même pas vrai! C’est lui qui se fait passer pour moi!

-Non c’est lui. C’est moi l’agent Smith!

-Non c’est moi! C’est lui!

-Non! Lui! Moi!

-Moi c’est lui et lui c’est moi!

-Non le contraire!

 

Les deux agents Smith se jetèrent alors dans une joute verbale qui ne mérite pas d’être relatée ici tant son contenu est affligeant, puis en vinrent aux poings, au pieds, puis au coups de boules. Ted Jameson paniqué, empoigna une arme qui se trouvait judicieusement à sa portée et visa la masse de bras et de jambes violemment entrelacées.

-Dégomme ce putain d’alien!

-Ouais! Dégomme le!

 

Certain qu’un alien en si peu de temps n’aurait pas eu l’occasion d’apprendre même les fondamentaux de la culture terrienne, Ted se mit à chantonner :

– Here come the men in black…

Par réflexe sans doute, au beau milieu du pugilat, l’agent Smith entonna à son tour :

-…They won’t let you remeeeember.

 

Blam! Le coup partit et le faux agent Smith s’écroula alors sur le sol. Avant de mourir, il eut tout juste le temps de reprendre sa véritable apparence verdâtre et de prononcer ces derniers mots :

-East Coast de merde! Rien n’égalera jamais Warren G.

A ce moment, le ciel se remplit d’une quinzaine de nouvelles soucoupes spatiales.

 

 

Ainsi se conclut le premier chapitre du célèbre film de série B « Improviso ». Il s’agit la d’une version parmi d’autres, et rien ne vous empêche d’imaginer la scène tout à fait autrement. C’est ce que vous propose Improviso, une expérience du Singapore-MIT GAMBIT lab. Le jeu reprend le principe de Sleep is Death, de Jason Rohrer, ou plus globalement de tout jeu de rôle : Il y a un joueur, qui incarne un personnage central, et il y a le maitre du jeu, qui s’occupe de tout ce qui se passe autour, ainsi que des PNJ.

Ici, le tout est intelligemment transposé sur un plateau de tournage à peu de moyen, décors, accessoires, et même costumes y sont en carton-pâte. L’un des joueurs incarnera Ted, l’acteur principal, l’autre sera le réalisateur, qui dirigera le jeu de tous les autres acteurs, choisira l’intrigue, le décor, et les évènements susceptibles de se produire.

 

Dans Improviso, tout tourne autour du jeu d’acteur, et celui-ci n’a pas d’autre but que la réalisation d’un petit film improvisé d’une dizaine de minutes, avec tout l’humour et l’absurde caractéristiques des films de série B.

 

Improviso se joue à deux, avec un anonyme, via Internet. A la fin de chaque partie, on vous proposera de noter votre partenaire sur différents critères (variant selon s’il est réalisateur ou acteurs). Ces notes ne sont pas gratuites, et comme presque toute production du Singapore-MIT GAMBIT lab, Improviso a un but : évaluer la qualité des dialogues produits, pour alimenter une base de donnée qui servira à créer des intelligences artificielles assez performantes pour que celles ci puissent réaliser un film en autonomie. Balaise.

 

Malheureusement, Improvisa a deux défauts majeurs :

-Il n’est pas si aisé de trouver des joueurs présents. J’ai eu de la chance la première fois, et peine à présent à lancer de nouvelles parties. N’hésitez donc pas à essayer à différentes heures de la journée.

-Le clavier Azerty est assez mal pris en charge, et Maj+alt ne peuvent rien y changer. Les lettres sont bien à leurs places, mais les signes de ponctuation peuvent être difficile à trouver.

 

Il y aurait bien un troisième défaut, c’est que le jeu se joue en anglais. Mais à vous de tourner ceci en avantage : si votre anglais n’est pas correct, rien ne vous empêche d’incarner un petit frenchie fraichement débarqué. Votre jeu d’acteur n’en sera que plus juste.