Sin Car (Browser)
Kenta Cho

 

On a tendance à l’oublier mais, bien avant de se démocratiser sur les écrans de télévision, d’ordinateur, ou sur les borne d’arcade, le jeu vidéo est né sur un écran d’oscilloscope.

Tennis for Two de William Higinbotham n’est certes pas le premier jeu vidéo recensé puisqu’OXO lui avait volé la vedette six ans plus tôt, mais il est le tout premier jeu vidéo à impliquer du mouvement. Le temps a passé, et l’oscilloscope a été abandonné au profit des micro-processeurs. On a préféré la vue aérienne de Pong à la beauté des courbes de Tennis for Two.

 

Pourtant, le jeu vidéo oscilloscope n’a jamais été totalement oublié, il a continué à vivre en sous-marin, dans les calculettes de lycéens en filière scientifique notamment. Je me souviens pour ma part avoir expérimenté jeux de tirs au panier et scolling horizontaux pendant les cours de maths.

 

Il semble aussi avoir persisté dans l’esprit de Kenta Cho qui, plus d’un demi-siècle après Tennis for Two, conçoit un jeu de course d’obstacle sur le principe de l’oscilloscope. Sin Car n’est donc par à traduire par « voiture du vice » mais plutôt par « voiture de la sinusoïde ».

 

 

 

Le gameplay est aussi simple que génial : le véhicule suit un tracé sinusoïdal et doit éviter les barres d’obstacle à gauche et à droite. Pour cela, le joueur peut augmenter ou diminuer la fréquence à l’aide de son curseur, altérant ainsi en temps réel la trajectoire de la courbe. Pour corser le tout, les bonii à collecter sont disséminés sur la route et la vitesse du véhicule augmente avec le temps.

 

Si Sin Car ne se joue pas réellement sur un oscilloscope, sa filiation ne fait aucun doute : On y retrouve les pixels lumineux mal dégrossis, le calibrage qui ne se fait net qu’au centre de l’écran, l’absence de menu, le jeu se relançant en boucle et enfin, peut-être le plus troublant dans le milieu du petit jeu à record : l’absence presque embarrassante de son. Sin Car parvient ainsi parfaitement à nous immerger dans son uchronie, celle ou les écrans d’oscilloscope auraient remplacé les écran full HD et les calculateurs analogiques auraient remplacé les processeurs. Un steampunk qui prendrait ses racines à la fin des années 50 : L’Analogicpunk.

 

Un mouvement vidéo-ludique qui dispose de trois autres sérieux prétendants : Frequon Invader, Cathode Rays et Symphorophilia.