Dys4ia (Browser)
Auntie Pixelante
Et si la véritable tendance du jeu vidéo indé était à l’autobiographie ? Après tout, la BD elle aussi a du passer par là. Peut-être s’agit-il d’une sorte de rite initiatique dans l’histoire d’un médium, d’un bizutage : « Tu ne seras pas un vrai médium tant que tu n’auras pas su raconter la vie des gens sans aucune pudeur ». Ce qui me fait penser à ça, c’est Come Home, de Quick Fingers, sorti il y a quelques semaines, et Dys4ia d’Auntie Pixelante, sorti hier.
Il y avait déjà eu des essais de jeux autobiographiques avant ces deux titres, mais ceux là, comme Aubergine Sky et Lackadaisium, tenaient plus de la métaphore. Il semble désormais qu’un nouveau tournant ait été pris.
Dys4ia s’appuie sur des événements concrets, l’expérience transgenre de l’auteur, de la prise de conscience à celle d’hormones en passant par tous les tracas qui peuvent se dresser sur ce chemin. Un témoignage poignant, d’autant plus pour qui n’est pas familier avec ces problématiques.
Pourtant, malgré ce profond ancrage dans la réalité, Dys4ia n’est pas un jeu « réaliste », loin de là, il s’appuie au contraire sur l’iconique, le symbolique, allant parfois jusqu’à frôler l’abstraction.
En littérature, le récit, autobiographique ou non, est découpé en phrases, en paragraphes. En bande dessinée, il est découpé en cases. Comment alors pourrait-il être découpé en jeu vidéo ? En niveaux ? Non, il s’agirait davantage de chapitres. La réponse était pourtant simple : il faut le découper en gameplays, ceux là étant l’essence du jeu vidéo comme les cases sont l’essence de la bande dessinée. C’est ce qu’avait esquissé Come Home, c’est ce que met au point Dys4ia.
A l’opposé des mémoires, qui tiennent plus du témoignage historique, l’enjeu de l’autobiographie est finalement de partager des émotions vécues. Honte, colère, anxiété, ennui, dépression, épuisement, douleur, doute, appétit, complicité, amour, réconfort, soulagement, confiance en soi…il y a tout ça dans Dys4ia, à dose homéopathique de quelques secondes et par l’intermédiaire du seul gameplay, nécessitant l’utilisation des seules flèches directionnelles.
Dys4ia est donc une grande première dans le genre de l’autobiographie, mais aussi dans la narration vidéo-ludique en général. Il ne fait pourtant que prouver l’évidence même : à émotions multiples et complexe, gameplay riche et varié.
wuthrer
Waouw.
Ce truc m’a clairement scotché. Ce fut bluffant, inattendu et vraiment maîtrisé.
pyrofoux
Idem.
Kevin Langouët
Magnifique jeu.
Et très bonne réflexion sur celui-ci, et les pistes qu’il ouvre.
Justin
Désormais inaccessible en mode « browser », et désormais payant en mode téléchargement (5$).