Aubergine Sky (Browser)
Jonathan Whiting.

Parfois il est de bon ton de fermer sa bouche, et laisser parler ceux qui savent. (et non, ce n’est pas un prétexte pour ne pas écrire d’article)

 

Quand on paraît s’être définitivement résigné, un soir, à rester en famille et en robe de chambre ; qu’après avoir dîné on s’est assis sous la lumière de la table et que l’on s’est mis, soit à son travail soit à un jeu de carte, après quoi, comme d’habitude, on ira se coucher ; quand il fait un temps de chien dehors et qu’il va de soi qu’on restera à la maison ; quand on est resté si longtemps sans bouger que tout le monde serait stupéfait de nous voir nous lever ; quand de surcroit il fait déjà tout noir dans l’escalier et que la porte de la rue est déjà fermée au verrou ; quand, en dépit de tout cela et parce qu’on se sent mal dabs sa peau, on se lève, on se change et qu’on réapparait habillé pour sortir en ville […] quand, de par le fait de cette seule décision, on se sent capable de toutes les autres […] alors, ce soir là, on a tout à fait quitté sa famille.

Kafka in Une nouvelle dont je ne rappelle plus le nom mais qui se trouve dans ses œuvres complètes T.1 collection Babel.

 

 

Les loisirs de mes promenades journalières ont souvent été remplis de contemplations charmantes dont j’ai regret d’avoir perdu le souvenir. Je fixerai par l’écriture celles qui pourront me venir encore ; chaque fois que je les relirai m’en rendra la jouissance. J’oublierai mes malheurs, mes persécuteurs, mes opprobes, en songeant au prix qu’avait mérité mon cœur.

Rousseau in Les rêveries d’un promeneur solitaire.

 

Tout cela pour dire que les thèmes de la marche et de l’autobiographie s’ouvrent au Jeu vidéo grâce à Aubergine Sky de Jonathan Whiting. N’y cherchez pas de l’action, du mystère, du suspense, il n’y en a pas. Il n’y a qu’un garçon qui marche, construisant sa réflexion au fil de ses pas, et votre curseur, qui l’accompagne, peut-être pour lui éclaircir un peu les idées.

 

Il s’agit de la plus anodine des histoires vraies, la plus insignifiante, et dans un monde rationnel elle ne devrait intéresser personne. Mais l’être humain à ce travers de se passionner pour n’importe quoi pourvu que ce soit bien raconté (ou alors c’est juste moi ?).