Bonifaco’s Bazaar (Browser)
Johanp

 

Aaah le dilemme du marchand d’arme. Doit-il vendre ses armes à des prix dérisoires pour permettre à son royaume de remporter la guerre, ou doit-il au contraire faire durer cette guerre, accumulant ainsi de grandes richesses, mais prenant le risque de tout perdre en voyant son royaume défait ?

 

Répondre à cette question pourrait engager des heures de réflexion, mais là, vraiment, vous n’avez pas le temps. Les orcs sont à la porte du royaume, les héros se pressent dans votre modeste échoppe pour s’équiper et repousser l’envahisseur, tandis que des marchands étrangers profitent de votre situation critique pour vous refourguer la matière première au plus haut prix. C’est l’occasion pour vous de tout gagner, ou alors d’être réduit en charpie par les hordes verdâtres si vous ne parvenez pas à adapter votre offre à la demande croissante.

 

Bonifaco’s Bazaar est un jeu de gestion qui se divise en trois écrans navigables grâce aux touches 1,2 et 3 de votre clavier : les traditionnels écrans d’achat et de ventes (achat de matières premières, vente de produits manufacturés), ainsi que le plus original écran de « craft » ou de construction. Dans celui-ci, il vous sera possible de créer armes et armures à partir des matières premières que sont le bois, le cuir, le bronze, le fer et bien évidemment, puisque nons sommes bien dans un monde d’heroic fantasy, le mithril.

 

 

Le craft fonctionne un peu à la manière de Minecraft, si ce n’est que la disposition des objets n’est pas importante. Disons alors qu’il fonctionne un peu à la manière du cube Horadrim dans Diablo II, si ce n’est qu’il n’y a pas de matières premières dans Diablo II. A moins qu’il ne fonctionne un peu à la manière d’Evil Islands, si ce n’est que le joueur n’a pas besoin de patron.

Bon, pour faire simple, il suffit de combiner les matières premières dans la zone de craft et de sélectionner le résultat voulu. En combinant du bois et du cuir vous obtiendrez des arcs, en combinant du bois et du bronze, des couteaux, lances, et hallebardes de bronze, en combinant du bois, du cuir et du bronze, vous obtiendrez des épées de bronze, etc.

 

Pour ce qui est des transactions, deux choix vous seront toujours proposé (pourvu que vous ayez les ressources nécessaires : Deal ou No Deal. C’est idiot pourra-t-on penser. Pourquoi refuserais-je de vendre ma marchandise ou d’en acheter ? Eh bien parce que des petits malins essayeront toujours de profiter de la situation pour vous acheter des épées de mithril pour 4 piécettes ou vous vendre du bois à des sommes déraisonnables. Il faudra alors se décider vite, car comme je l’ai dit, le jeu ne laisse pas le temps à la négociation.

 

S’il faut se presser, c’est car sur l’écran du bas défilent les troupes des deux camps, et il faut croire, au rythme où les orcs apparaissent, que leur armurier est particulièrement performant. A se demander quel est son secret. Quand une troupe atteint le château adverse, elle lui fait perdre un point de vie, le but étant évidemment de défendre son château et de détruire celui des orcs.

Pas facile.

Pas facile DU TOUT.

 

Bonifaco’s Bazaar en effet est horriblement dur. Les orcs ne connaissent pas la crise, tandis que vous y êtes sujet à chaque seconde. Plus de bois, plus de trésorerie, ou pire, plus un sou dans les poches de vos vaillant héros, toutes les raisons sont bonnes pour vous neutraliser et signer votre perte. Chaque seconde compte, chaque demi-seconde même, aussi, veillez à ne jamais cesser d’acheter/vendre/produire. Pour espérer gagner, il faut à l’avance connaître les ressources nécessaire aux crafts, ainsi que l’évolution de la demande. Et pour ce faire, il vous faut perdre beaucoup de parties. Je ne suis parvenu pour ma part qu’à réduire le château des orcs à 9 points de vie, le sentiment de fierté qui m’envahit et l’idée d’une capture d’écran qui me traversa suffit à anéantir tous mes espoirs de victoire (comme en témoigne la totale absence de mes héros sur le terrain). Mais je m’y remet dès que j’aurais terminé cet article, car malgré sa difficulté, ce petit jeu est extrêmement addictif. Par mon expérience, je peux tout de même vous donner quelques conseils en plus :

-Investissez dans le bâton et la fronde, ce sont les seules valeurs sûres tout au long du jeu

-Ne construisez pas d’armure, je n’ai jamais constaté qui que ce soit en réclamant

-Quand le premier orc aura atteint votre château, la partie sera déjà perdue. Recommencez.

-Construisez les meilleures armes à l’avance, quand bien même on ne vous en demande pas encore.

 

Le thème de la Ludum dare à laquelle Bonifaco’s Bazaar participe, « It’s dangerous to go alone, take this » est parfaitement respecté. Il est même respecté de façon très ingénieuse, car si la plupart des jeux de la compétition proposent d’incarner le héros recevant l’objet salvateur, celui ci propose d’être celui qui le confie. Indépendamment de cela, Bonifaco’s Bazaar est un jeu très original qu’on aurait du mal à qualifier, quelque part entre le jeu de gestion et le tower defence. Pourtant, après une ou deux parties seulement, son gameplay se révèle particulièrement instinctif, comme s’il découlait d’une longue tradition de jeux casual. Au final, on n’arrive plus très bien à déterminer ce qui nous amuse dans Bonifaco’s Bazaar. Est-ce le fait de crafter les objets? Celui de gérer ces ressources? L’envie de terrasser cette bande d’orcs? La simple adrénaline?

Une seule chose est sûre : Jamais un marchand d’arme n’a paru si sympathique.