Electric File Monitor (Windows, Mac)
Alienmelon (Nathalie Lawhead)

 

Deux ans que je suis derrière les barreaux. En « quarantaine » comme ils disent. Deux ans que je regarde impuissant le monde changer depuis la fenêtre de ma cellule, et tout ça pour un crime qui n’a jamais été commis. Tout ça à cause de ce foutu Norton…

 

Tout a commencé quand la population s’est mise à douter de l’efficacité du Shérif Norton. On parlait de le destituer, de le remplacer. Norton était dos au mur, il lui fallait faire du zèle, prouver qu’il était irremplaçable. Avec ses adjoints, ils ont quadrillé la ville, embarquant tous les individus au comportement douteux qu’ils aient pu trouver. Ancien détenus, braqueurs à la retraite, charlatans du dimanche, tout le monde y est passé. Moi, je n’étais qu’un étranger, fraîchement arrivé en ville, inscrit sur aucun registre. Norton leur avait laissé le choix : fallait-il ignorer ma présence, m’envoyer au trou ou me lyncher tout simplement ? J’imagine que ma tête ne leur revenait pas, mais qu’ils ne supportaient pas pour autant l’idée de sang sue les mains. J’ai fini au pénitencier.

 

Je n’ai jamais commis le moindre crime, et je n’en ai jamais eu l’intention. Ici, tout le monde sait que c’est Norton le vrai hors-la-loi, s’appropriant un tiers des ressources de la ville pour une tâche qu’il est incapable d’effectuer correctement, créant un faux sentiment d’insécurité pour se rendre indispensable. Il paraît qu’ils ont fini par s’en rendre compte. Il paraît qu’ils ont embauché des chasseurs de prime pour s’en débarrasser. Norton les a enterré avant même qu’ils n’aient le temps d’arriver en ville.

 

Norton est indétrônable, indéboulonnable, et il semble qu’on soit partis pour passer le reste de nos pauvres vies ici. Alors, pour passer le temps, et pour aider à supporter le quotidien, on se raconte des histoires. Il y en a une qui revient souvent, sûrement parce qu’elle est belle, trop belle pour être vraie sans doute : Il paraîtrait que quelque part dans l’ouest existerait des villes sans shérifs. Des communautés libres vivant à la marge de la société, où tout le monde serait bienvenu pourvu qu’on veuille bien s’investir un peu.

 

Moi je pense que c’est des salades. Une ville sans shérif ? Comment ça pourrait bien fonctionner. Les truands de tous poils auraient tôt fait d’y emménager et de la transformer en plateforme du crime  ! Non, pour que la population dorme sur ses deux oreilles, il faut un shérif fort, pas un pourri comme Norton, McAfee et consorts non, mais un homme de poigne, capable d’instaurer la peur chez tous ces parasites de la société. Si ça ne tenait qu’à moi, je leur ferais passer des interrogatoires musclés, et tous ceux qui ne sauraient pas me convaincre : Hop ! Au donjon ! Avec moi, c’est sûr que ça filerait droit, foi d’electric_file_monitor.exe