capsuleCAPSULE (Windows, Mac)
 Adam Saltsman & Robin Arnott (Finji)

 

Bip. Bip. Bip. Bip.

Les pulsations du radar me sortent de ma torpeur. Il me faut quelques secondes pour tout remettre en ordre dans mon esprit : le radar, la capsule, l’espace…J’étais venu pour relier les points, pour découvrir ce qui était arrivé à l’équipage du relai Gamma, mais poursuivi par un drone je m’étais perdu, épuisant mes dernières ressources vitales. La jauge d’oxygène dans le rouge, je n’en avais plus pour très longtemps…c’est du moins ce que je croyais avant que le radar me fasse reprendre conscience et espoir. Je ne suis pas encore mort !

 

Bip. Bip. Bip. Bip.

Rassemblant ce qui me reste de forces, les narines dilatées et les veines prêtes à exploser, je me hisse dans le fauteuil de pilotage. Un objet non identifié est bel et bien en approche. Une poche d’oxygène peut-être ? Les probabilités sont minces, mais c’est ma dernière chance. Je lance le protocole d’identification et désactive l’autopilote. En rectifiant ma trajectoire de 12 degrés, je devrais être à portée d’ici quelques minutes.

 

Bip. Bip. Bip. Bip.

Il me faut agir vite. Attendre la fin du protocole d’identification et prendre le risque d’épuiser mes dernières ressources d’oxygène, ou foncer tête baissée sur l’objet en priant pour qu’il ne s’agisse pas d’une mine ou d’un drone en sommeil. Pas le temps de réfléchir, chaque seconde compte, et je ne sais pas combien de temps je vais encore pouvoir rester conscient. Je mets les gaz.

 

Bip. Bip. Bip. Bip.

L’objet se rapproche à grande vitesse. Je me rapproche. L’identification est quasi complète, mais quoi qu’il arrive, l’inertie de ma capsule m’empêcherait de l’esquiver. Je prends une grande inspiration, le CO2 me brûle les poumons, ma vue se trouble, je ferme les yeux en redoutant l’impact et…

 

Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip.

Rien. Ma capsule est encore en un seul morceau.
« Identification complète : Poche d’oxygène »
D’un mouvement brusque, j’actionne les pompes,et en quelques secondes, l’air de ma capsule devient à nouveau respirable. Je prends une grande bouffée et l’oxygène me monte au cerveau, me faisant perdre un instant l’équilibre. Je m’accroche à mon siège, j’avais presque oublié comment c’était.

Le temps de me remettre de mes émotions et je suis reparti. Je suis vivant, et j’ai toujours une mission à accomplir. Mon radar m’indique que je ne suis plus qu’à une poignée de km de la station. Je rectifie la trajectoire, rallume le moteur et…

Et ?

Un nouveau voyant clignote sur mon tableau de bord. Mes réserves de fuel sont à sec. Merde ! C’est impossible ! J’avais pourtant vérifié avant de…
À moins que…combien de temps suis-je resté inconscient ? Cela ne m’avait paru que quelques minutes, mais…comment savoir ?
Poussé par ce qui me reste d’inertie, je vois les coordonnées de la station lentement s’éloigner sur mon radar, et le vide s’approcher de toutes parts. Il me reste une douzaine d’heures d’oxygène. La nuit va être longue.
Dans l’espace, c’est toujours la nuit.
Et ce sera ma dernière.