She Might Think

she might think2She Might Think (Windows)
Marion Esquian & Ludivine Berthouloux

 

Le jeu vidéo a besoin de plus de personnages féminins. Pas des princesses en détresse, pas des héroïnes qui font tout comme les hommes aussi bien que les hommes, pas des phantasmes pour jeunes et vieux ados, mais des femmes tout simplement. Des femmes comme on en voit dans la rue, comme on boit des coups avec, comme il n’y en a pas deux pareilles, comme nous, quoi. She Might Think n’en introduit pas une mais six. Pas d’un coup bien sûr, l’une après l’autre, tout au long de la semaine, histoire d’avoir le temps de s’attacher.

 

À la manière d’Une demi-douzaine d’elles d’Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive, She Might Think découpe en six parties (et six femmes) un récit banal de la vie de tous les jours. Enfin…récit est un bien grand mot en parlant de She Might Think puisqu’il ne s’agit que de six visites d’un même appartement par si locatrices potentielles. Pas d’intrigue, pas de twist : juste les pensées de ses six femmes inspectant chacune des pièces pour savoir si l’appartement leur convient, et c’est cette simplicité qui fait tout l’intérêt et le sens de ce jeu.

 

She Might Think ne cherche pas à raconter une histoire ou à nous faire ressentir quelque émotion, juste à créer six personnages vrais. Vrais parce qu’ils n’obéissent pas aux stéréotypes de genre, parce qu’ils ne cherchent pas à les éviter non plus, parce qu’ils ne se définissent pas seulement par leur physique ou leur métier, parce qu’ils peuvent nous surprendre, parce qu’on ne sait pas tout d’eux, qu’on le sent bien et que c’est fait exprès. Pour accomplir un tel miracle, Marion Esquian et Ludivine Berthouloux ont utilisé une technique ancestrale que semble avoir oubliée une bonne partie de l’industrie : elles ont questionné et écouté les femmes de leur entourage. Parfois, il ne faut pas chercher plus loin.

 

She Might Think nous a déjà dévoilé Leona, Terry et Maggie. Lussi devrait arriver dans la journée, et deux mystérieuses inconnues nous attendent vendredi et samedi. Peut-être que dimanche nous réserve une surprise et que nous saurons laquelle des six occupera finalement l’appartement, peut-être pas, mais peu importe, ce qui compte c’est d’avoir fait de belles rencontres.

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2 Comments

  1. Charles de Goal

    Un petit camaïeu de tropes classemoyennistes. C’est un peu comme Les Choses en négatif 🙂

  2. Charles de Goal

    Sinon, le choix de l’intériorité, du domicile et du rapport aux objets quotidiens est assez intéressant car c’est précisément le rôle dévolu aux femmes par la société. Bon, bref…

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