A House in California (Windows, Mac, Linux)
Jake Elliott

 

Cela fait un moment que je veux m’atteler à l’écriture. Je manque simplement de temps, mais surtout aussi : de motivation. Cette motivation, je ne la trouve qu’à la lecture de certaines œuvres originales, qui me surprennent, et me laissent croire que tout n’a pas encore été dit…du moins pas de toutes les manières.

 

A House in California est de celles-là. A House in California est un livre que j’aurais aimé écrire.

 

 

A House in California parle de souvenirs, de quatre femmes qui sans doute ont marqué l’enfance de l’auteur : Lois, Connie, Beulah et Ann, grand-mères et arrières grand-mères.

Pour se resituer dans le contexte, il est en effet de bon ton de prendre la forme d’un vieux jeu d’aventure en noir et blanc.

 

Comme il était d’usage dans ces jeux, le joueur doit d’abord sélectionner son action à la souris, puis cliquer sur l’élément de décor avec lequel il veut interagir.

Seulement…il ne s’agit pas ici de prendre, utiliser, parler, ouvrir…mais d’apprendre, se souvenir, lire, écrire, contempler…

 

Sous couvert de mécanique traditionnelle, A House in California présente une nouvelle manière de jouer, de penser, et surtout, de raconter.

Le joueur impatient aura beaucoup de mal à en maitriser les différents aspects.

Le joueur assagi trouvera vite la récompense à sa peine.

 

Au fond, A House in California est profondément logique, aussi bien que l’est la mémoire…mais c’est une logique qui nous est difficile à percer, et il nous faut parfois écrire une dizaine de volumes pour comprendre l’implication d’une madeleine.

 

Facile de s’en référer à Proust. Mais je crois pourtant bien que pour cette oeuvre précise, l’adjectif Proustien s’enfilerait comme un gant. Je n’ai jamais lu Proust, et ne peux donc en être certain.

J’ai lu « Tout est Illuminé » en revanche, je n’aurais par conséquent pas peur d’écrire que A House in California est Safran-Foerien.

 

Mais est-ce un cadeau de comparer un jeu vidéo à la littérature ?

C’est certes flatteur, dans le sens ou la littérature est encore bien mieux vue que le jeu vidéo aujourd’hui. Mais je crois que cet argument ne s’applique pas pour les lecteurs de l’Oujevipo, déjà convaincu du potentiel du médium.

 

Pour être sûr de ne pas me fourvoyer, je dirais que A House in California est Elliottien, qu’il est un merveilleux hommage à ces quatre femmes que j’aurais désormais souhaité rencontré, et que vous devez y jouer jusqu’au bout, pour peu que vous compreniez l’anglais et que, comme tout un chacun, vous êtes un peu poète.

 

PS : il n’existe pas encore de Walktrough pour le jeu, et je n’ai pas envie de m’en charger et pour une raison évidente : ce jeu mérite de se creuser les méninges et de s’imprégner de sa logique. Cependant, cela m’embêterait que vous l’abandonniez pour raison de blocage. Aussi, je veux bien répondre à vos questions existentielles, si elles se posent, dans les commentaires.