Nothing Can Stop Us

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Daniele Giardini

 

Il m’arrive de retourner au Planastel. Ce lieu où, enfants, nous bâtissions des cabanes. Ce lieu où, adolescents, nous avons fumé nos premières cigarettes, consulté nos premiers magazines érotiques. Je me souviens de la fois où Lise en avait dressé la carte, de celle où mes allergies m’avaient conduit à l’hôpital, des batailles rangées à coups de pelles et de pioches face aux « grands » de la cabane d’à côté. Chaque fois que je retourne au Planastel, non seulement ces souvenirs se font plus précis, mais ils se multiplient.

 

Le Planastel a bien changé. Les mauvaises herbes que nous avions arrachées ont depuis longtemps reconquis leur territoire. Des maisons y ont poussé, à moins que les arbres les cachant aient été abattus, et, ce qui était pour nous le recoin caché d’une forêt ressemble davantage à un terrain vague.

 

Avec le recul, je me demande si nous avions vraiment combattu les « grands » d’à côté. Nous avions des pelles et des pioches, certes, mais celles-ci nous servaient plutôt à déterrer bouts de porcelaine et d’os de poulet. Je ne suis pas bien sûr non plus d’avoir vraiment fini à l’hôpital, et puis à mieux y réfléchir, ma crise d’allergie avait eu lieu dans un tout autre endroit. Quant à Lise, je ne suis en fait plus bien sûr qu’elle ait un jour mis les pieds au Planastel.

 

Quand j’y repense, je ne crois pas qu’un seul magazine érotique ait franchi le grillage du Planastel, et ma première cigarette, je l’ai fumée ailleurs. Nous n’avons jamais bâti de cabane non plus, nous contentant d’en fréquemment élaborer les plans. Et puis d’ailleurs, ce lieu ne s’est jamais appelé Planastel. Le Planastel, c’était le parc d’à côté. On lui donnait des noms bien moins typiques, comme « la cabane de la pente », ou « derrière le trou du grillage en dessous de la chapelle ».

 

La plupart de mes souvenirs sont erronés, façonnés, exagérés, mais peu importe, je les chéris tout autant que les vrais, et c’est précisément de quoi Nothing Can Stop Us veut parler.

 

Via Konstantinos Dimopoulos

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1 Comment

  1. Marie Jo

    Un très joli texte …

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