Always Stuck Minding the Store (Mac, Windows+Quicktime)
George Buckenham

 

 

Dans l’univers Space Cowboy (Westernpunk?) tous les métiers ne se valent pas. On connaît bien les chasseurs de primes, les mécanos, les hackers, les pilotes, les shérifs, mais on oublie souvent ceux qui passent la journée enfermés dans un bureau, les pieds croisés sur la console informatique, à écraser des cigarettes, jouer aux dès ou à faire la sieste derrière leurs lunettes noires. Ceux qui n’ont pas besoin de faire quoi que ce soit pour avoir la classe, mais aussi ceux qui s’ennuient ferme. Always Stuck Minding the Store leur rend enfin honneur.

 

Dans Always Stuck Minding the Store, notre boulot, on ne le comprend pas très bien. Il s’agit de brûler du fuel à intervalles donnés avec une certaine puissance, une certaine intensité, une certaine durée…Sommes-nous aux commandes d’un crématorium ? D’un dirigeable ? D’une centrale énergétique ? Peu importe, tant qu’on fait bien notre boulot. Il a ses côtés rébarbatifs, certes, mais nous sommes équipés : une radio branchée sur du blues ou une lecture du Voyage sentimental à travers la France et l’Italie, la tv, une interface de chat pour se sentir moins seul, et puis tout ce que nous serons parvenus à réunir nous-mêmes aux abords de notre ordinateur.

 

En regardant l’écran à travers notre écran, nous ne faisons qu’un avec notre avatar et nos actions se confondent. 2 minutes avant le prochain « burn » ? J’ai le temps de me rouler une cigarette. 8 minutes ? Bon, c’est le moment de faire bouillir l’eau pour les pâtes.

 

Dans Always Stuck Minding the Store, on s’ennuie la plupart du temps, mais on n’a pas vraiment le choix : impossible de mettre le jeu en pause ou de minimiser la fenêtre pour surfer sur internet en attendant. À la manière d’Al-One, le jeu nous fait expérimenter la pénibilité de la simulation en temps réel. Il décrit l’ennui, mais l’ennui cool, comme celui de la salle de retenue du Brakfast Club ou des Archipels de Bezian. Si seulement on pouvait s’ennuyer comme ça tous les jours…