Cyberpet Graveyard (Windows, Mac)
Alienmelon (Nathalie Lawhead)
Kat, le tamagotchi-chat qui me causait tant de soucis, mort au milieu de ses excréments avant d’avoir pu faire pousser sa troisième paire de moustaches.
Jester, Frisky, Snowball et toute la bande, qui fusaient sur mon bureau tandis que je les traumatisait à coup d’aérosol, tous fauchés par une désinstallation intempestive.
Clippy, l’intarissable trombone, à qui une mise à jour de Microsoft Word a définitivement coupé la chique.
Boubou, le norn, éternel dépressif, qui a mis fin à ses jours faute d’avoir trouvé la force d’affronter sa condition de créature virtuelle.
Que reste-t-il de nos compagnons numérique de la fin des années 90 ? Un faire-part de décès sur Print Artist ? Un dessin sur un cahier alors que l’école nous contraignait à les abandonner plus de six heures par jour ? Une carcasse ovoïde sans pile dans un tiroir, si elle n’a pas été vendue 10F sur un vide grenier ou échangée contre une cartouche de game-boy ? Il reste surtout des souvenirs, le sens des responsabilités qu’ils ont contribué à nous enseigner et, désormais, Cyberpet Graveyard.
Ils sont des dizaines à hanter ce CD-ROM, au milieu des gifs, photos, fichiers.txt et retranscriptions de conversations en ligne. Ils n’ont plus la vitalité d’antan, mais leur état de fantômes, de mort-vivants, n’en fait pas forcément de moins bons compagnons. Ils dansent, ils chantent, ils causent, ils chient, ils boulottent un de nos fichiers parfois, simulant le vivant, maladroitement certes, mais du mieux qu’ils le peuvent, et après tout, n’est-ce pas ce qu’ils ont toujours fait ?
Alors qu’on aurait pu imaginer Cyberpet Graveyard comme une parodie, un hommage sarcastique à ces créatures numériques du millénaire dernier, Nathalie Lawhead y a en fait insufflé la bienveillance, la sincérité, mais aussi l’humour qui caractérisent la majorité de son œuvre. De leur au-delà virtuel, Kat, Jester, Clippy, Boubou et les autres l’en remercient.
duremar
Oh my eyes. Very painful.