Tusks (Windows, Mac, Linux)
Mitch Alexander

 

Des orques, j’en ai tués par dizaines dans Baldur’s Gate, Icewind Dale et autres RPGs de mon enfance. J’en ai guidé des armées sur les tables floquées de Confrontation, j’en ai incarné aussi, sur les forums oubliés de la Dragonnerie ou pendant la période d’essai de World of Warcraft. Mais jamais encore je n’avais songer à m’en amouracher. Aussi, quand Tusks s’est présenté à moi comme un dating sim d’orques, j’ai sauté sur l’occasion. Ça allait sûrement être amusant!

 

Je me trompais. Tusks est drôle, prenant, émouvant, intelligent, émoustillant, mais il est n’est pas « amusant ». Quoi que vous puissiez imaginer en lisant « dating sim d’orques », chassez-le de votre esprit (d’autant plus si vous pensez que les orques sont des mammifères marins du sous-ordre des cétacés à dents). Les orques de Tusks sont des créatures sensibles, à des lieues de ceux de Tolkien, mais surtout, les orques de Tusks sont tous gays de la tête au pied. Mieux : l’univers tout entier de Tusks est une utopie queer où l’hétérosexualité, si elle existe, n’est qu’un fétiche parmi tant d’autres.

 

Le nombre de personnages (courtisables ou non?) de Tusks a de quoi intimider au départ. Pourquoi en effet choisir de passer un bout de la soirée avec ce grand baraqué quand on pourrait la passer avec tel ou tel autre grand baraqué ? D’autant que les noms exotiques de ces orques écossais ne sont pas faciles à mémoriser. Mais bien vite, on apprend à connaître et à apprécier nos compagnons de route : les trois amants voyageurs à la tête de ce petit groupe, le garde du corps prêt à donner corps et âme pour protéger ceux qu’il aime, le grand selkie tatoué, moins benêt qu’il ne le laisse penser, le phacochère et amant extraordinaire, l’universitaire à la recherche de ses racines, l’autre universitaire, humain cette fois, venu étudier la culture orque en immersion, le messager de passage…

 

Si tout ceci ne vous a pas mis l’eau à l’a bouche, si le dating sim n’est pas votre tasse de thé ou si des étreintes avec de gros orques musclés ne correspond pas exactement à votre idée de la romance, sachez que Tusks est bien plus qu’un Dating Sim. C’est un pèlerinage à travers les territoires humain, c’est de l’aventure, de l’action un peu aussi, des cultures qui s’entrechoquent en douceur, des révélations mystiques, des discussions passionnées sur des sujets aussi variés que la dépression, la communication non verbale ou les problèmes raciaux, et puis, bien sûr, du cul un peu aussi.

 

Tusks est un chef-d’œuvre que je n’avais pas vu venir, et ce qui me réjouit, c’est que je n’en suis qu’à la moitié.