Camus’ Sokoban (Browser)
Alvaro Salvagno

 

À là vue de cette capture d’écran, de cette espèce de Sokoban sommaire, vous vous êtes peut-être dit « je passe ». J’ai une bonne nouvelle pour vous : vous ne ratez rien, ou, plus précisément, vous avez déjà tout raté, inutile donc d’avoir le moindre cas de conscience.

Il n’en va pas de même pour moi…

 

Camus’ Sokoban est un jeu de la série throwaway.fun, c’est à dire qu’il s’agit d’un jeu qui ne peut être joué qu’une seule fois. Pas une seule fois par joueur, une seule fois, en tout. Et c’est tombé sur moi (et Droqen, mais je l’ai coiffé au poteau). Maintenant, je suis bien embêté.

 

Je suis bien embêté parce qu’aussi fort que j’aime l’idée de créations éphémères, je me retrouve à présent avec une terrible responsabilité. Quand je fermerai cet onglet, là, juste à côté, Camus’ Sokoban disparaîtra à tout jamais, faisant de moi son unique témoin. Je pourrais garder l’onglet ouvert bien sûr, j’y ai pensé, mais combien de temps ? Combien de jours ou de semaines avant que je ne finisse par craquer, ou qu’une panne de courant vienne anéantir mes efforts ? Je pourrais me contenter de le garder en mémoire, mais là encore, comment être sûr ? Combien d’années avant que je ne me souvienne plus que de quelques bribes ? Je pourrais alors le sauvegarder, trouver un moyen de télécharger le jeu depuis la page web, ou le reproduire de toutes pièces même, cela ne devrait pas être si compliqué…mais ce serait trahir la volonté de son auteur. J’aurais pu le livestreamer…mais il est un peu tard pour y penser.

 

Il ne me reste plus qu’une solution. Je dois écrire un article. Raconter dans les détails l’expérience de Camus’ Sokoban, du premier au dernier niveau. Trouver les mots justes, décrire avec exactitude, décortiquer Camus’ Sokoban jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à en dire, jusqu’à ce que nul ne sache plus vraiment s’il a lu à son propos, ou s’il y a joué.

 

Ou alors…

Ou alors je garde tout ça pour moi.