Mechanical feelingsMechanical Feelings (Windows, Mac)
Tomlum

 

De récentes fouilles archéologiques nous ont permis d’en savoir plus sur l’homme des années 2016. Il semblerait que nos lointains ancêtres utilisaient des machines pour ressentir des émotions. Les doigts sur une planche à touches, les yeux sur une vitre animée, il leur arrivait ainsi de s’énerver, de rire, d’avoir peur et, bien que cela soit encore contesté par de nombreux historiens, peut-être même de pleurer. Pour mieux comprendre ce qui semble aujourd’hui insensé, Historicorp a imaginé ce qu’aurait pu être une de ces expériences « 1Tractiv », reproduisant une planche à touches de l’âge de l’hydrocarbure à partir des reliques trouvées sur le lieu de fouille.

 

Vous avez compris : Mechanical Feelings est une projection de la projection du jeu indé/arty des années 2016 par l’homme du futur. Le concept peut sembler difficile à saisir, mais Mechanical Feelings le rend limpide. Comment en effet comprendre l’usage d’un clavier quand les réformes orthographiques auront gommé une à une tous ses caractères ? Comment comprendre l’interface homme-machine quand ces deux concepts auront fusionné au point de ne plus être distinguables ? Comment, dans des millénaires, comprendre le réveil-matin, les trajets en bus, les flux d’actualité ou encore Tinder ?

 

Uchronie à sa façon, Mechanical Feelings présente une expérience simili-autobiographique, un labsim qui aurait bel et bien pu exister (et plaire) en 2016 si ses commandes n’étaient pas volontairement ridicules et maladroites. La reconstitution semble assez juste, mais quelque chose cloche. Un fort décalage existe entre le jeu et la manière d’y jouer, décalage qui pousse évidemment à prendre du recul sur nos propres pratiques et questionner notre rapport à l’interaction. Pourquoi Mechanical Feelings prête-t-il au rire quand Cart Life n’y prête pas ? La réponse réside dans la seule chose qu’Historicorp ne semble pas avoir compris du jeu vidéo : le game design.