DSA2D.S.A (Windows)
Kate Barrett

 

Alice porte la disco dans son cœur, Wendy ne jure que par le rock chrétien et Dorothy a vu la lumière dans le genre crunk-core. Toutes les trois, elles ont monté un groupe de christian crunk dancecore nommé D.S.A (sans n’avoir pu jamais se mettre d’accord sur la signification de cet acronyme), mais le désastreux concert de ce soir a exacerbé leurs différends et provoqué la fin prématurée de cette aventure musicale. Alice, Wendy et Dorothy sont alors parties chacune de leur côté, buvant gobant et fumant tout ce qui leur passait sous la main, et elles sont maintenant coincées au milieu d’un méchant bad trip.

 

Ne vous fiez pas aux graphismes qui semblent bâclés sous Paint, D.S.A est le fuit de cinq années de développement, et s’il peut prendre en surface l’apparence d’un petit jeu de jam, sa longueur comme sa profondeur ne trompent pas quant au dévouement de son auteur. Il est toujours fascinant de se plonger dans de pareils projets solos au long cours, car c’est aussi se plonger dans la psyché, l’imaginaire et les différentes étapes de production de leurs créateurs. Du bout des doigts, on pourra ressentir la naïveté initiale, puis l’enthousiasme, les découragements ponctuels, les doutes en approchant du but puis enfin la fierté d’accoucher d’une œuvre complète qui nous ressemble.

 

Absurde et surréaliste, D.S.A semble improvisé au fur et à mesure, passant du coq à l’âne comme on passe d’Alice à Wendy et de Wendy à Dorothy. Les énigmes d’abord rudimentaires gagnent en complexité, le gameplay s’enrichit, les personnages s’épaississent, bref, le projet même du jeu évolue à mesure que nous jouons. Pourtant, la cohérence est bien là, dans les thèmes de la musique, de l’amitié, comme dans les parcours d’Alice, Wendy et Dorothy empreints respectivement d’Alice au Pays des Merveilles, de Peter Pan et du Magicien d’Oz. En fouillant bien, on pourra même ressentir dans D.S.A un peu de Locas, les querelles d’Alice, Wendy et Dorothy n’étant pas sans rappeler celles de Terry et d’Hopey.

 

D.S.A mélange les genres (aventure, action, puzzle, infiltration…) et les références (musicales, littéraires, cinématographiques, vidéoludiques…) de la même façon que Dynamic Squid Antithesis…pardon, Drunk Sasquatch Alliance mélange les genres musicaux. C’est une synthèse sans doute de ce que Kate Barrett apprécie (ou a apprécié au cours de ces cinq ans), et c’est l’histoire d’une synthèse. Un projet brillant sur le fond comme sur la forme, et de quoi s’occuper une pleine journée.