Naut

nautNaut (Windows, Mac, Linux)
Lucie Viatg
é, Tom Victor et Titouan Millet

 

Les chercheurs de la NASA sont en train d’analyser les clichés de Mars pris par le robot Curiosity quand soudain, l’un d’eux attire leur attention…Sur celui-ci on peut voir un petit pavillon de banlieue au-dessus duquel passent en tourbillonnant deux astronautes au volant d’une décapotable jaune. Il y a bien de la vie sur Mars, et celle-ci semble bien plus délirante que prévu.

 

Naut est un « voidscape », un vaste univers généré procéduralement à explorer, à pieds ou en voiture. Mais outre son univers absurde, une spécificité le distingue des autres jeux du genre : Naut est conçu pour deux joueurs, et la simple possibilité de s’asseoir à la place du mort dans la décapotable prouve que c’est l’unique manière décente d’y jouer. Trouvez donc un ami, une ou deux manettes de Xbox, une bonne vingtaine de minutes, et foncez à 100km/h au milieu des orages magnétiques de cette bien étrange planète.

 

De notre premier tonneau aux éclairs zébrant le ciel, il s’agit là d’une expérience électrisante, mais le plus beau dans Naut, c’est ce qui m’a été donné à voir à la fin de la Desert Bus Jam au cours de laquelle il a été créé. Après 48h de travail acharné et bien trop peu de sommeil, les auteurs, épuisés, étaient amenés à présenter leur création sur grand écran devant la petite audience des autres jammeurs. Il a suffi de quelques minutes pour comprendre ce qui était en train de se passer : aucun d’entre eux n’avait la moindre idée de ce qu’il venait de créer.

 

Nous avons alors assisté à la découverte du jeu par ses propres auteurs, et la scène avait quelque chose de profondément émouvant. L’une se demandait où étaient passées les plantes qu’elle s’était donné la peine de modéliser, l’autre se laissait surprendre par l’orage implémenté dans les dernières minutes, le troisième s’étonnait de voir que le saut avait été lié au klaxon. Tous riaient en découvrant la physique absurde de la décapotable, mi-prévue, mi-accidentelle, et lorsque vint le temps de rendre les manettes pour présenter un autre jeu, tous ont insisté : « Encore une minute ! On veut voir ce qu’il y a dans les rais de lumière ! ». Pour de bon, ils ne le savaient pas, et quand l’un d’eux commençait à se demander s’il était seulement possible de rejoindre ces derniers, la décapotable arrivait à destination. Dans le rai de lumière, il y avait une espèce d’alien en position fœtale, un doppelgänger non texturé d’astronaute assis sur le siège passager qui flottait dans le vide. Toute la salle a retenu son souffle, les yeux des créateurs ont brillé et la démonstration s’est conclue sur ce moment de félicité.

 

Ce jeu, comme la petite histoire que je viens de raconter exprime assez bien, je crois, l’intérêt et la beauté des game jams. Un court et intensif moment où la bride est lâchée à la créativité où le collectif n’empêche pas l’individualité de chacun de s’exprimer, et où les bugs, les glitchs, les accidents ne sont plus maudits, mais chéris, ouvrant des voies que nuls sans eux n’aurait osé arpenter.

 

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4 Comments

  1. Cette présentation avait l’air extraordinaire. A-t-elle été filmée ?

  2. Non, et heureusement : ça me permet d’enjoliver un peu la réalité 🙂

  3. Ahah c’est si joliment raconté, et en même temps tellement vrai! Ca fait du bien de lire un article qui présente la vrai essence de Naut, merci!

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