Artgame Weekend 3 ; Compte-rendu

 

(Photos de SeaMedia et de Glen de Cauwsemaecker, merci à eux.)

[EDIT: et un remerciement tout spécial à Simon Bachelier! C’était tellement évident que j’avais totalement oublié! Mille excuses!]

Prenez une petite cinquantaine d’esprits créatifs de tous niveaux, de toutes spécialités, et même de toutes nationalités, regroupez-les par équipes de cinq, de six, de sept et enfermez-les dans un open-space bien chauffé. Privez-les de sommeil, mais nourrissez-les bien, avec des plats fait-maison, n’oubliez ni la Leffe ni la Redbull. Joignez à eux quelques coachs pour les recadrer ou leur donner un coup de boost si nécessaire, et laissez mijoter 40 heures.

Au bout du compte, vous obtiendrez huit jeux, « indés », « expérimentaux », « d’auteurs » « alternatif »…ou « artgames », tout simplement, puisque c’est ainsi qu’était intitulé ce week-end.

 

 

Cet artgame week-end vient de se conclure, et les créations obtenues sont désormais visibles à l’Imaginarium de Tourcoing pour toute la semaine. J’ai eu la chance d’être invité à cette occasion en tant que président du jury (et quand je dis « chance », je pèse mes mots), il est donc temps pour moi de remercier chaudement les organisateurs et de me fendre d’un petit compte-rendu.

 

Je pourrais raconter mon week end à moi, le plaisir que j’ai eu à rencontrer/revoir Laurent Checola, Marion Coville, Nicolas Tilly, Katharina Tillmanns, Nicolas Rosette, Arthur Schmitt, Ophélie, Marc, Gib, Pitoum, Delphine et tout ceux que je n’oublie pas mais leur nom si (Namedropping ? Check!), ma surprise de retrouver la libraire qui un jour m’a conseillé la lecture d’Une trop bruyante solitude, mon regret de n’avoir pu prendre un peu de temps pour faire la connaissance de Pyrofoux, mon enthousiasme à découvrir les créations des participants, mes cabotinages scéniques, ma quête du trèfle à quatre feuilles, ou encore comment j’ai comme d’habitude bien géré mon alcool puisque mon dernier souvenir est celui d’exhiber des cuisses fraîchement tatouées par un stylo qui fuit au nez d’une demoiselle inconnue…mais vous n’êtes pas là pour ça. Vous voulez des jeux, pas vrai ? Alors voici mes trois coups de cœur.

 

Sans faire durer le suspense plus longtemps, commençons par le gagnant :

 

Right Time

(en l’absence de photo du jeu : un public, et une jambe)

 

Le thème de la compétition étant « Mouvement », l’équipe de Right Time a eu l’étrange idée de créer un jeu qui le punissait, justement, le mouvement. Le pitch : votre téléphone portable dans votre main, il vous faut attendre immobile jusqu’à ce qu’une étoile vienne à passer sur l’écran, et alors relever brusquement le bras pour l’attraper. Problème, l’étoile peut mettre plus d’une heure à apparaître, et le moindre mouvement remet le compteur à zéro. Les étoiles sont alors ajoutées à votre constellation personnelle que l’on pourra dans le futur réorganiser et partager.

 

Right Time est ridiculement sommaire, mais ça ne l’empêche pas de happer le joueur et de susciter une excitation croissante avec le temps attendu. Le prix de 1000€ qui a été remis à l’équipe (tous étudiants de SupInfoGame si je ne m’abuse) devrait leur permettre de développer une version plus poussée et de rendre Right Time disponible sur Android et iOs. Patience donc.

 

 

KANVA

 

Avant d’adopter le nom KANVA, ce projet est passé par plusieurs autres identités : Picasso, Picasso Fruits and Vegetable ou encore Nature Morte. La contrainte/idée/envie initiale a en revanche été respectée : Concevoir un jeu à base d’une palette (de peintre) et d’un MaKey MaKey. Si l’artgame weekend avait un prix de l’innovation, nul doute que KANVA l’aurait emporté haut la main.

Le concept est simple (non, je déconne, il ne l’est pas vraiment) : Sur l’écran, un adorable petit triangle a l’air tristounet se contente d’avancer vers sa destinées. La palette de peinture à la main, le premier joueur, peut presser des boules de pâte à modeler colorées (représentant la peinture) pour modifier le décor, le climat et provoquer des rencontres et des événements. Comment ? Grâce à la magie du MaKey MaKey. Le deuxième joueur aura alors pour mission de placer des mots sur l’histoire que le peintre illustre, comme ça, oralement, et en temps réel, de manière à rendre chaque expérience de KANVA aussi unique qu’éphémère.

Il y a un peu d’Il était une fois dans KANVA, un peu de Sleeping is Death aussi, mais l’ajout de cet étonnant controller fait toute la différence. Ce que je trouve particulièrement amusant, c’est que contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, cette palette magique n’était pas vraiment nécessaire : n’importe quelle manette à 6 boutons aurait aussi bien pu faire l’affaire. Seule l’immersion du joueur (qui se prend vraiment pour un peintre) et l’esthétisme de l’installation semblent ici recherchées, et c’est encore plus beau ! J’ai aussi remarqué un phénomène assez étrange : lorsque je me suis retrouvé à jouer dans le rôle du narrateur, j’ai d’abord adopté la troisième personne, comme le jeu et les auteurs semblaient le suggérer, puis, alors que l’histoire avançait et que les événements se multipliaient, je suis inconsciemment passé à la première. Un jeu vidéo, même sans aucune interaction proposée au joueur (car le narrateur n’influe en rien sur l’écran) parviendrait ainsi à créer de l’identification malgré tout ? C’est le genre de question que KANVA peut poser.

Bravo les copains !

 

 

Shoot and Dance

 

Right-Left-Right-Left-Shoot-Shoot-Shoot

Le titre Shoot and Dance ne manquera pas de rappeler Space Chanel 5, mais hormis le fait qu’on y danse, qu’on y shoote et qu’on s’y trouve dans l’espace, les deux jeux n’ont pas grand chose en commun. Shoot and Dance se rapprocherait plutôt d’un Dance Dance Revolution puisque comme lui, il fonctionne avec un tapis et consiste à effectuer des pas de danse au rythme des flèches qui défilent à l’écran…sauf que Shoot and Dance est un shoot’em up !

 

Je suis peu friand de shoot’em up, et encore moins de jeux de danse (si vous trouvez une vidéo de moi en train de bouger mon boule sur Keisha devant une Wii, c’est probablement un fake), mais l’alliance des deux donne quelque chose de vraiment détonnant (et d’étonnant).

Le jeu est séparé en deux phases. Dans un premier temps, il faudra donc, tout comme dans un Dance Dance Revolution, suivre les flèches qui défilent de haut en bas. Notre performance à cette exercice déterminera notre puissance de tir. Puis, dans un deuxième temps, le jeu reprend ses allures de shoot’ em up, avec boss à combattre et tirs à éviter, mais se jouera donc, toujours avec les pieds. L’occasion d’improviser des pas de danse libres et d’impressionner tous ses amis.

 

Shoot and Dance est le genre de jeu que j’aimerais beaucoup voir exister en dehors de l’Imaginarium où il est présentement exposé. Parce que j’y rejouerai volontiers, certes, mais surtout parce que je me régalerais à regarder des vidéos de danseurs prodiges sur Youtube !

 

 

Si vous n’avez pas tout suivi, ces trois jeux sont donc exposés pour une courte durée à l’Imaginarium de Poitiers. Si vous êtes dans le coin, ce serait une hérésie de ne pas aller les essayer. Vous y trouverez également cinq autres productions remarquables à savoir :

 

 

The Mouse

Un tamagotchi qui sort de l’écran puisqu’il s’agit de prendre soin de votre souris…d’ordinateur.

 

Night Flight

Une réflexion sur la vie illustrée par celle, très courte, d’un papillon de nuit.

 

Big World

Assis sur le bout de votre doigt, un petit personnage explore un monde magnifique et dessiné à trois mains.

 

Replay

Après avoir libéré la princesse, notre héros de platformer revient sur ses pas et constate les dégâts qu’il a occasionné au préalable sur son chemin.

 

Insight

Dans un cerveau torturé empli de constructions fractales, chacun de vos gestes laisse une emprunte aussi belle qu’indélébile.

 

 

 

Encore bravo à tous les participants et encore merci aux organisateurs ! C’était un fabuleux week-end et je croise les doigts pour que ce genre d’événements se multiplient aux quatre coins de la France et d’ailleurs !

Nouveau Caue…

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3 Comments

  1. Pour les amoureux du Makey Makey, ou ceux qui voudraient simplement jouer au clavier KANVA est disponible ici:
    https://www.dropbox.com/sh/11xu12cdv1atxr8/n63g8qmqiz
    Avec en bonus, les doc du Game Design rendu au Jury 😉

  2. desbordes

    bravo à ce week end, j’ai vraiment apprécié votre présentation, les jeux qui ont été crée, etc etc

  3. C’était super sympa ! 🙂
    (Surtout voir Pierrec sur Shoot & Dance)

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