Ennui

Ennui (Browser)
Zutti

« L’existence n’est pas quelque chose qui se laisse penser de loin : il faut que ça vous envahisse brusquement, que ça arrête sur vous, que ça pèse lourd sur votre cœur comme une grosse bête immobile – ou alors il n’y a plus rien du tout. »

En travaillant sur son roman La Nausée dans les années 1930, Jean-Sartre ne pouvait pas se douter qu’il était en réalité en train d’écrire la review d’Ennui, jeu réalisé en moins de 48h pour la Ludum Dare 22… À  moins qu’Ennui n’ait en fait été inspiré par La Nausée…oui…ça semble plus plausible.

En apparence, Ennui est un simple platformer, avec ses fossés et ses ennemis, mais en y regardant de plus près, on découvre qu’il n’y a finalement pas de fossé, pas d’ennemis. Il y a juste vous, et les autres (l’enfer, dirait-il). Ennui est une métaphore, une représentation du vertige existentialiste, un philosophy-em-up comme le nomme son auteur.

Pour la première fois dans un platformer, il ne s’agit pas d’agir, mais de penser. Pas penser pour mieux agir, penser pour penser, parce que c’est ce que l’on est supposé faire quand on est un penseur. Et quand on est un penseur si caricaturalement français, avec son pull marin et son béret, on ne peut guère penser à autre chose qu’à sa propre existence, comme l’ont fait Jean-Paul Sartre,  Albert Camus, Simone de Beauvoir et Maurice Merleau-Ponty avant nous.

C’est seulement en écoutant les babillages stériles d’autrui, ou en réfléchissant à notre angoissante condition que nous apparaîtront de nouveaux chemins, mais il faudra prendre garde à ne pas pousser trop loin cette nausée, ou le doute finira par avoir raison de nous. La solution ? Profiter des plaisirs simples de la la vie, allumer une cigarette pour se rappeler notre carnation, se rapprocher du tangible. Mais là encore, nous ne sommes pas à l’abri,  et c’est cette fois l’absurde qui nous guette.

Plongez donc dans les méandre de l’existence, et tentez d’en ramener le maguffin tant convoité, il est peut-être la seule vérité de ce bas monde.