Process

Process (Windows)
TrainYard Team

 

Chaque fois que je présente un jeu ici se pose la difficile question de la durée. Il me faut catégoriser quelque part entre 5, 10, 20, 30 minutes et plus. Dois-je prendre en compte la durée d’une partie ? Dois-je prendre en compte la durée qu’il faut pour s’en lasser ? Dois-je prendre en compte la rejouabilité ?

Au final, cela se conclut toujours au pifomètre. Mais pas cette fois.

Cette fois je sais précisément qu’il vous faudra 20 minutes pour venir à bout de Process. Et si vous n’y arrivez pas ? Eh bien c’est Process qui viendra à bout de vous.

 

Votre métro est lancée sur les rails à plus de 60km/h. Le conducteur a déserté la cabine. Vous êtes seul. 20 minutes, et c’est le crash.

 

Et plus loin arrivent les gros spoilers.

 

 

Process réalise la prouesse de nous immerger complètement dans son atmosphère. Ses graphismes somptueux, ses jeux de lumière, ses effets sonores, tout est là pour nous faire ressentir l’imminence de la catastrophe. On a sérieusement du mal à croire en une production « indé », mais cela n’est pas grand chose à côté de ses autres atouts.

 

Pour bien comprendre, il faut savoir une chose : Il n’y a pas de crash. Du moins pas que l’on sache. Jamais on ne verra notre sang gicler sur les vitres en plexiglas, notre crâne écrasé entre deux banquettes. Process est une expérience, un tour dans les montagnes russes, un jeu pour se faire peur.

Mais sa force est justement de laisser croire le contraire : la catastrophe est annoncée, le compte-à-rebours est lancé, et tout vous laisse croire au joueur qu’il peut faire quelque chose pour l’en empêcher : on ramasse des objets, on les utilise, on débloque des portes, des trappes, on entre des codes…Bref, on nage en plein gameplay de jeu d’aventure. Et depuis notre enfance, les jeux d’aventure nous ont appris une chose : toute action effectuée est forcement un pas de plus vers la victoire. Sauf exceptions entraînant généralement une mort immédiate, si on vous laisse faire, c’est que vous avancez.

Pas ici. Si on vous laisse faire, c’est parce qu’on aime vous fait tourner en bourrique.

 

Plus sérieusement, il ne s’agit pas de simple sadisme de la TrainYard Team, au contraire. Tout cela a bien un but : faire expérimenter au joueur une longue, très longue near-death experience (ou expérience de mort imminente), et pour cela, inutile de le tuer, il suffit de lui laisser croire.

Celui-ci passera alors de la panique à l’acharnée détermination à s’en sortir vivant, à l’énervement de ne pas y arriver, à la résignation, à l’ennui, aux hallucinations sonores et auditives, à l’étrange excitation des dernières secondes, les yeux fixés sur le compteur. Et tout ça, sans le moindre dialogue, sans le moindre personnage, si ce n’est le personnage principal, neutre au possible.

 

Alors oui, revient l’éternelle question : sans condition de défaite ou de victoire, Process peut-il vraiment être qualifié de jeu ? Oui, sans aucun doute, car s’il ce petit bijou video-ludique prouve une chose, c’est que ce qui compte, ce n’est pas la fin, c’est le processus.

← Previous post

Next post →

4 Comments

  1. Super intéressant comme concept ! Je vais essayer ça…

  2. Je viens de le finir. C’est vraiment excellent, en plus c’est un truc qui m’intéresse dans le jeu vidéo indé, les jeux sans dénouement possible par le joueur…

    En tout cas superbe. Y’a-t-il un truc de plus à faire après les portes qui boucle et les chiffres qui change? En tout cas j’ai vraiment cru pouvoir y arriver à un moment aaaarg!

  3. @exa
    Oui.
    Et quelqu’un a réussit à dépasser le moment où les lumières virent au rouge ? En tout cas quelques indices sont donnés sur ce qu’il se passe. Enfin peut être…

  4. Moi je ne suis jamais parvenu à trouver le tournevis…(s’il y en a un)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *