Masked

Masked (Windows)
Lewis Denby

Quelle est la différence entre « clic… »

et « De rage, vous martelez sur la console tout ce qui pourrait s’apparenter à un bouton ou un levier. En vain » ?

Entre « C’est vide »

et « En retirant votre main de l’étroit conduit, vous vous sentez presque soulagé de n’y avoir rien trouvé » ?

Réponse : l’émotion, généralement grande absente de l’escape room en raison de leur mutisme forcé. Eclipser la narration pour laisser plus de place au gameplay, au puzzle, pourquoi pas ? C’est en partie ce qui a fait le succès du genre. Mais parfois, il est agréable de faire machine arrière, d’oublier les énigmes tordues cinq minutes et de se laisser porter. C’est la volonté de Masked, qui dépoussière ainsi un genre bien trop codifié en lui conférant paradoxalement un charme rétro propre au logiciel Adventure Game Studio.

Que les amateurs d’énigmes détournent les yeux : Masked est d’une facilité honteuse, si bien que même le plus inexpérimenté en matière d’escape room pourra le finir en une quinzaine de minutes. L’intérêt n’est pas là. Contrairement à No Place Like Home par exemple, qui était parvenu à concilier atmosphère et gameplay, Masked ne se concentre que sur la narration. Il cherche à vous faire ressentir quelque chose, quelque part entre la claustrophobie, l’incompréhension et, d’une certaine manière, le remord, et ma foi il y parvient assez adroitement.

S’il est difficile de s’identifier au traditionnel avatar de l’escape room, froid en toutes circonstances, bien éloigné de l’exaspération qui nous gagne de l’autre côté de l’écran, le problème ne se pose pas pour celui de Masked, qui, s’il a un background qui nous est inconnu (à nous de l’imaginer), reflète assez bien nos sentiments de joueurs. Masked fait d’ailleurs une autre entorse au genre en introduisant un second personnage, parfaite représentation quant à lui du game designer. Le dialogue peut alors s’instaurer, un dialogue unilatéral car vous, joueur, n’avez pas votre mot à dire.