Solitary Sand (Browser)
Clive Jericho
Médaillé d’or dans la plus prestigieuse des catégories de la Ludum Dare 22, à savoir l’Innovation, Solitary Sand a tout d’un jeu d’exploration en vue subjective. On s’y déplace avec WASD, regarde autour de soi à l’aide de la souris, y ramasse divers objets avec E et on y est désespérément seul. Le jeu se singularise tout de même par un important détail : son personnage principal est aveugle (ou se refuse à voir, ou a les yeux bandés, peu importe).
J’écrivais il n’y a pas si longtemps que le jeu vidéo utilisait bien trop rarement le sens du toucher, Solitary Sand vient remettre de l’eau au moulin. Contrairement aux autres simulations « à l’aveugle » (Blind notamment), ce jeu ne se contente pas de solliciter l’ouïe (l’usage de casque/écouteurs demeure fortement conseillé) : le sens du vent ressenti sur son visage ou la consistance du sol sur lequel on pose ses pieds seront des indices important pour se repérer sur ce qui semble bien être une île déserte. Ces sensations ne sont certes que véhiculées par lecture du texte à l’écran, mais c’est tout de même un bon début en attendant les combinaisons intégrales de simulation qu’on nous promet depuis le siècle dernier.
Solitary Sand n’a donc pas volé sa médaille d’or, l’expérience qu’il procure ayant quelque chose de véritablement unique. On ne sait plus vraiment si on évolue au milieu d’un décor en 3D ou d’une aventure textuelle et c’est ce sentiment de doute qui créé tout le charme. On en voudrait plus, on voudrait quitter cette île et jouer à Lonely Sand en ville, à la campagne, dans un bâtiment, dans l’espace…on voudrait ainsi avancer à tâtons dans tous les lieux qui nous semblent familiers, histoire de se défamiliariser justement. Mais pour l’instant, on se contentera de cette île…si vide.
Réalisé en 48h, on ne peut évidemment pas s’attendre à ce que le Solitary Sand soit parfait. Ainsi l’absence d’inventaire et l’interdiction de transporter plus d’un objet à la fois corse le jeu de manière significative et ne parlons pas de la taille de cette île, bien trop large pour qu’on puisse y retrouver quoi que ce soit. Si le jeu contient trois fins, je n’en ai pour ma part découvert qu’une seule, et la plus mauvaise qui plus est. Il faudra donc espéré que galvanisé par sa médaille, Cross pousse le concept plus loin et nous serve un Solitary Sand plus riche, et plus accessible.
Meedoc
Juste pour réagir au premier paragraphe, l’intérêt des simulations pour aveugle est qu’elles sont jouables par les aveugles, ce qui n’est pas le cas de Solitary Sand. Ceci n’empêche en rien à la superbe de ce jeu (qu’il faut que j’essaye absolument). Je suis amoureux du concept!