The Endless Forest (windows)
Tale of Tales
Cette nuit j’étais un cerf. Avec sabots aux pattes et bois sur la tête. Je traversais une forêt de symboles où de vivants piliers laissaient parfois sortir de confuses paroles.
Rêvais-je? Sûrement pas. Jamais mon imaginaire ne serait parvenu à un tel degré de magnificence. Jouais-je? C’est plus probable, mais j’en doute de même. Michaël Samyn et Auriea Harvey, fondateurs de Tale of Tales et créateurs de The Endless Forest ne sont-ils pas de fervents partisans du Notgame, le non-jeu?
Endless Forest se présente comme un MMORPG écran de veille, écran de veille non pas de votre ordinateur, mais de votre esprit, quand celui-ci, inactif, se laisse aller à d’inutiles et admirables arabesques.
J’étais un cerf, dis-je, ou plutôt un faon, car mon âme en cette forêt était encore très jeune. Insouciant, désœuvré, je me levai, et fit quelques pas sur la mousse humide. Titubant d’abord, cherchant la mécanique qui me permettrait d’avancer, je gagnai en assurance, et bientôt, je pu courir, et bondir au dessus des rochers. De joie, un brame m’échappa, et je fus surpris d’entendre au loin d’autres cerfs me répondre. Des brames clairs, de jeunes sots, semblables au mien, et d’autre plus graves, de vieux mâles qui d’ores et déjà m’inspiraient le respect. Je n’étais pas seul en cette forêt.
Désireux de rencontrer mes voisins, mes parents, ma harde, je courrai vers la source là plus proche, sachant d’instinct que j’y trouverais certains de mes semblables. Je ne m’étais pas trompé, car un cerf massif, au garrot imposant y reposait, passif, tandis que sa biche s’abreuvait dans l’eau claire. Une fois encore : je bramai, et une fois encore, on me répondit. J’avais attiré l’attention de la biche. Je me plaçai devant elle, l’esprit plein de questions :
Comment puis-je devenir aussi grands que vous ?
Qu’y a-t’il à faire dans cette forêt ?
Pourquoi ton compagnon luit-il de cette étrange lueur?
Pourquoi portes tu un masque sur le museau?
Et surtout : Quel est le sens de ce jeu?
Mais rien ne sortit de ma gueule, sinon un autre brame inintelligible. Comme je l’ai dit : j’étais un cerf, rien d’autre.
Je cherchai alors un autre moyen de communiquer, d’exprimer mon incompréhension et ma curiosité, mais la biche se cabra, initiant une nouvelle procédure de dialogue. Sceptique, je l’imitai, et celle-ci me félicita d’un hochement de tête. D’un nouveau signe, elle m’encouragea à la suivre. Nous saluâmes le cerf, et partîmes à travers les bois sombres. Elle me montra comment arracher la mousse des troncs d’arbres, comment écouter la forêt, et repérer les autres bêtes à portée, comment, en restant immobile suffisamment longtemps, des oiseaux viendraient se percher sur nos bois.
Elle me fit découvrir la fontaine, qui quand on y bois, nous change en corbeau, en colombe, en crapaud, les myosotis que l’on peut accrocher à ses bois, les statues des dieux, et l’aire de jeu, ou la communauté parfois se retrouve pour se lancer dans des parties de cache-cache ou autres jeux de leur invention.
L’aube se levait. La biche n’avait pas prononcé un mot, et pourtant, avait répondu à beaucoup de mes questions. Je voulu lui demander son nom, mais elle n’en avait pas. Juste un symbole flottant au dessus de sa tête. J’essaierais de m’en souvenir.
Xviniette
Magnifique, c’est le premier mot qui m’ait venu à l’esprit en voyant ça !
Bref, un « jeu » qui ne plaira pas à grand monde, mais moi je suis sous le charme.
Super présentation de ce jeu de votre part, bravo 🙂 !
admin
Ravi de compter un nouveau cerf dans notre forêt. Nous nous y croiserons peut-être : tu me reconnaîtras à mon pelage brun et blanc, à mes bois naissants et à mon brâme si caractéristique…