The Cat and the Coup

The Cat and the Coup (Windows, Mac, Steam)
Peter Brinson, Kuroj Valanejad

 

Pendant que les hommes s’agitent, se battent, se succèdent pour bâtir ce qui devient aussitôt leur Histoire, les chats regardent. Ils regardent avec un œil tantôt amusé, tantôt sceptique, mais toujours emprunt d’une certaine sagesse.

Certains chats, les moins bien lotis, passent leur vie à contempler les genoux d’une mémère, d’autres ont la chance d’assister à des évènements majeurs qui marquent à jamais l’Histoire d’un pays.

 

C’est le cas de celui qui nous concerne : Un chat persan, un chat d’Iran, celui de Mohammad Mossadegh, premier ministre iranien de 51 à 53. Dans ce somptueux jeu documentaire, le chat est à la fois avatar du joueur et narrateur muet, il nous emmène dans le passé pour retracer l’histoire politique de son maître et une fraction de celle de son pays.

 

 

Ce chat narrateur pourra rappeler celui de la bande dessinée Le Chat du Rabbin, de Joann Sfar, il s’avère un excellent moyen d’aborder des sujets ou des évènements difficile grâce à la distance qu’il instaure automatiquement. Cette distance est d’autant plus importante dans The Cat and the Coup car ce chat ne parle pas. Il se contente, badin, de faire se succéder les évènements sans formuler le moindre opinion.

 

Les évènements en question sont ceux qui ont secoué l’Iran dans les années 50-60 : La privatisation des industries pétrolières par Mahammad Mossadegh, et l’opération Ajax, menée par les services secret américaines et britanniques, visant à remettre sur le trône le jeune Mohammad Reza, le dernier Shah d’Iran.

Évidemment, difficile de ne pas prendre parti et ne pas voir dans ce coup d’état une méchante preuve de l’impérialisme américain et du contrôle du pétrole, mais le jeu n’abonde pas vraiment dans ce sens, pas aussi trivialement du moins. The Cat and the Coop est subtil, il repose sur la symbolique, et chaque écran du jeu mériterait d’être longuement disséqué.

 

Pour couronner le tout, le jeu est tout simplement magnifique. Je n’ai pas souvenir d’avoir joué à un jeu aussi beau depuis…je n’ai pas souvenir d’avoir joué à un jeu aussi beau. The Cat and the Coup est constitué de peintures et calligraphies persanes dont l’harmonie des couleurs et les détails sont saisissant. Ajoutez à cela une gnossienne d’Erik Satie et vous effleurerez l’espace de quelques minutes, le beau universel.

 

The Cat and the Coup est un jeu auquel je veux faire jouer ma mère, c’est vous dire si je l’apprécie.

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2 Comments

  1. Bonjour,
    Très original comme idée : incarner un chat. Espérons que le jeu de rôle sous forme documentaire garde une certaine impartialité. 🙂

  2. Je ne suis pas certain que l’impartialité soit de rigueur dans celui-ci, mais je ne trouve pas ça très grave, au contraire. Le jeu vidéo a le pouvoir de facilement faire partager des points de vue, ce serait dommage de se priver. L’information, même subjective, demeure information. C’est du moins mon point de vue, car je sais qu’il n’est pas partagé par tous les journalistes.

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