Stranger than fiction

Stranger than fiction (Browser [Chrome de préférence] )
Stuart Madafiglio

Lorsqu’on parle de “fiction interactive”, on pense généralement à une interface textuelle offrant au joueur/lecteur différentes options pour influer sur le récit. Ce récit doit alors être organisé en arborescence, avec toute la richesse que cela implique (multiples chemins, multiples fins…)

Mais l’arborescence peut aussi être vue comme un appauvrissement du texte : est-ce que laisser trop de souplesse au joueur/lecteur, ce n’est pas aussi diluer le message de l’auteur ? Pour prendre l’exemple le plus stupide qui soit : est-ce que Roméo et Juliette serait toujours le même chef-d’oeuvre si, incarnant Roméo, on pouvait choisir à la fin de ne pas avaler le poison ?

On pourrait penser que c’est là la principale différence entre l’oeuvre littéraire et l’oeuvre disons, littéraire-vidéoludique, mais Stranger than fiction nous prouve le contraire, en imposant un texte brut, immuable, sans mettre de côté l’interaction.

Plutôt que d’une fiction interactive, Stranger than fiction prend alors l’allure d’un puzzle cryptographique. Il s’agira pour nous de déchiffrer des textes anciens en remettant dans l’ordre les lettres qui ont été inversées. Un petit exercice assez simple pour qui a une maîtrise suffisante de l’anglais, mais cependant assez distrayante pour nous accrocher et surtout…nous faire lire ces textes avec attention.

Car Stranger than fiction a bien des choses à dire : il parle de religion, de dogme, de mythe fondateur et d’humanité en général en se basant ironiquement sur une civilisation extra-terrestre. Livrée de but en blanc, la lecture ne serait sans doute pas désagréable, mais en adoptant ce principe de puzzle, le jeu créé le mystère et par conséquent l’intérêt, tout comme il suffit d’enfouir une vieille assiette ébréchée sous quelques centimètres de terre pour la transformer en trésor aux yeux de l’enfant qui la découvre.