1328.1.23.16

1328.1.23.16 (Browser [Unity]) Version Russe – Version Anglaise
Nuprahtor

Je suis toujours excité de découvrir un jeu russe. J’ai toujours l’impression que ça va être quelque chose de surprenant, de déroutant, et parfois même de génial. Peut-être que c’est à cause de la peinture d’avant-garde russe, qui m’a toujours fasciné, peut-être que c’est à cause d’Alekseï Pajitnov et de son Tetris, peut-être que c’est à cause de Gamin.ru, l’Indiegames cyrillique, qui est aussi intéressant que les traductions google sont mauvaises.

1328.1.23.16 ne m’a pas déçu. Déjà, il fallait oser le titre : Une suite de chiffres incompréhensible à l’allure d’adresse IP. Prend-t-il davantage de sens une fois le jeu terminé ? Non. Pas du tout. Ce titre n’a aucune raison d’être évidente, et si on pourrait le qualifier de branlette expérimentale, choisir un titre obscur juste pour se rendre plus intéressant, j’appellerais plutôt ça un acte de courage, car c’est un titre que jamais personne ne retiendra, et que jamais personne ne tapera sur un moteur de recherche (ce faisant pourtant, je découvre qu’il existe une version anglaise du jeu, alors que je m’étais embête à tout traduire avec l’aide d’un ami russe. Flute!) .

1328.1.23.16 n’est pas vraiment un jeu, son auteur préfère le qualifier de Game Session, de séance ludique. Et si le terme m’évoque plutôt des séances de création de jeu, je le trouve tout de même séduisant. Le jeu ne présente que très peu d’interaction. Certes, il est possible de se déplacer dans cette petite pièce remplie de chaises, mais cela n’a aucune utilité. Les seuls actions réellement importantes sont les réponses aux trois questions qu’une voix de provenance inconnue nous pose. Vous aurez toujours le choix entre oui, non et rien du tout, ces choix détermineront l’orientation du jeu, ainsi que sa fin, puisqu’il y en plusieurs différentes : la bonne, et les mauvaises.

Mais il y a un autre choix bien plus déterminant à mon goût, qui se trouve en amont. Jouerez-vous à la version russe, ou à la version anglaise ? Si vous comprenez, ou ne comprenez pas à niveau égal les deux langues, le choix n’a pas beaucoup d’intérêt, mais si comme moi, par exemple, vous saisissez l’anglais sans comprendre un traitre mot de russe, alors ce choix peut changer du tout au tout votre expérience de jeu.

D’un côté, il y a le jeu tel que l’a créé l’auteur, avec des questions que le joueur peut comprendre. Il y a dans ce jeu une certaine symbolique que vous devrez décrypter, peut-être même un sens caché. Dans ce cas, vous serez les cobayes de l’auteur, les sujets d’une expérience conçue exclusivement pour vous. Vous ressentirez les émotions que l’auteur à déterminé pour vous et accèderez aux miettes de compréhension qu’il a bien voulu laisser traîner.

Mais de l’autre côté, il y a un jeu totalement différent. Un jeu qui échappe à son auteur, et dont vous êtes à la fois le joueur et le créateur, car ce sera à votre imagination de combler les trous de sens. Si ce jeu là véhicule encore plus de mystère, il est aussi celui qui, potentiellement, peut apporter le plus de réponses. Pour ma part, j’ai commencé par celui-ci, et j’ai fini avec l’autre. C’est peut-être la meilleure manière de procéder, à moins bien sûr de choisir la dernière possibilité :

Ne pas jouer à 1328.1.23.16 et garder tout le mystère entier. Peut-être que pour une fois, les linuxiens profiteront de cette incompatibilité de Unity.