Raccord Sniper

Raccord Sniper (Windows)
Nicolaï Troshinsky

 

 

Le supermarché est infesté par les zombies. Stephen et Roger s’engouffrent dans une boutique, Peter, muni de son fusil sniper fait le guet à côté de la voiture. Un zombie semble l’avoir repéré, s’approche un peu dangereusement, Peter arme son fusil et tire. La tête du Zombie explose et des gouttes de sang viennent éclabousser la lunette.

 

Ce détail, relevé dans une émission d’Allociné fait une excellent introduction à Raccord Sniper. Parce qu’il met en scène des zombies? Non, plutôt parce qu’il traite de sniper, et surtout de faux raccords.

 

Après avoir recyclé des vidéos d’archives dans Loop Raccord et des peintures et musiques classiques dans A game for two, Troshinsky s’attaque maintenant au support papier, et un support papier connu de tous puisqu’il s’agit du catalogue Ikéa. Peut-être y reconnaitrez-vous votre confortable Kivik, ou votre fidèle Bobby qui soutient votre collection de bande dessinées sans flancher…dans ce cas seulement, on pourra admettre que Raccord Sniper traite aussi de zombies.

 

Vous êtes un agent de la police des raccords, et vous devez maintenant faire vos preuves. En balayant à travers votre lunette les pièces d’un appartement sans âme, vous devez repérer d’une fenêtre à l’autre tous les faux-raccords produits et sans faillir, les abattre. Un Poäng qui change de couleur, un Klippan remplacé par un Karlstad, un Gilda Blom qui n’a rien à faire là…

 

 

L’idée a tout pour être séduisante : d’une part, tirer sur des meubles Ikéa est une expérience assez jouissive, et on se prend parfois à abandonner la police des raccords pour la brigade du goût (« Non…ce plafonnier est vraiment trop hideux…BANG »). Évidemment, ce genre de conduite peut vous conduire rapidement au licenciement.

D’autre part, ce concept ouvre les portes de l’imagination : Je lisais récemment un article de libération sur une scripte octogénaire qui avait accompagné tous les grands noms du cinéma français. Je me la représente maintenant menaçant Jacques Tati ou Alain Resnais avec un fusil sniper…et ça me fait bien rigoler.

D’autre autre part, Loop Raccord traitant des raccords de mouvement et Raccord Sniper traitant des raccords de continuité, Troshinsky pourrait être tenté de traiter la troisième et dernière forme de raccords : les raccords de forme. Je ne sais pas ce que c’est, mais j’en salive d’avance.

 

Le jeu de tir, que Troshinsky avait auparavant réussi à transformer en outil artistique, se fait maintenant jeu d’observation, tournant en dérision le port de gros fusils. Bien plus addictif cependant que Shoot-em-art, Raccord Sniper saura malmener votre mémoire, car il ne s’agit pas de retenir un, mais deux tableaux à la fois…et les niveaux s’enchaînant on en vient à tout mélanger.

 

Si cependant Raccord Sniper ne suffit pas à vous rassasier pour aujourd’hui, j’ai deux autres jeux à vous proposer, le premier est de retrouver la totalité des sources de Troshinsky dans le catalogue Ikéa (j’en ai moi-même débusqué plusieurs). Le second est de localiser non pas le faux-raccord, mais la faute d’accord glissée dans cet article.

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3 Comments

  1. Ce que je vais dire ça a pas vraiment un rapport avec le jeu mais je sais pas où le dire en fait 🙂

    Le nom Oujevipo ça aurait pas un rapport avec le recueil de poèmes Oulipo, la littérature potentielle de Raymond Queneau ?

  2. Tu viens de tirer en plein dans le mille (ça c’est juste pour le rapport avec le jeu)

    Le nom de l’Oujevipo (Ouvroir de Jeu-Vidéo Potentiel) vient bien de l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle) de Queneau. Sauf que ce n’est pas seulement un recueil de poème, mais tout un mouvement littéraire qui faisait des expérimentations sur la littérature par le biais de contraintes.

    L’Oujevipo présente donc des jeux expérimentaux, même si l’aspect « contrainte » a été un peu éludé.

  3. C’est que j’ai étudié un texte de ce poème en français la semaine dernière et j’ai immédiatement pensé à ton site
    je pense que ton site a du me marquer 😉
    d’ailleurs maintenant il fait partie des sites les plus visités de mon ordinateur 🙂
    (et ça m’a fait rire la blague « en plein dans le mille »)

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