Yume Nikki

Yume Nikki (Windows)
Kikiyama, traduit en français par eXaHeVa (et merci à lui pour la découverte)

 

La première page de cette review ayant été égarée dans une rame de métro, elle sera remplacée par une citation extraite d’Un homme qui dort, de Georges Perec. Veuillez m’excuser pour le dérangement.

 

« Tu as tout à apprendre, tout ce qui ne s’apprend pas : la solitude, l’indifférence, la patience, le silence. »

 

[…]

Dans cette chambre, Madotsuki dispose d’un bureau (pour sauvegarder), d’un balcon (pour prendre l’air), d’un lit (pour dormir), d’une bibliothèque dont elle ne daignera pas lire le moindre livre et d’une console pourvue d’un unique jeu vidéo qui mériterait une review à lui tout seul tant il rayonne d’inconsistance.

Madotsuki a sans doute des parents, ceux-là doivent se trouver derrière la porte de la chambre, disséminés dans les autres pièces de la maison, mais Madotsuki ne franchira jamais cette porte, elle a mieux à faire, dormir par exemple, rêver.

 

 

Si l’environnement de la fillette est étroit, il n’en va pas de même de son inconscient. Dans ses rêves, ce ne sont pas un, mais douze mondes qu’elle arpente à loisir, et ceux là sont immenses, infinis même. Il y a celui couvert d’un manteau de neige, il y a celui peuplé d’yeux arrachés et de membres coupés, il y a un labyrinthe en trois dimensions, il y en a d’autres.

Ces univers oniriques, si singuliers, si différents, ont pourtant plusieurs choses en commun :

  • Tous tournent sur eux-même, laissant Madotsuki les arpenter des heures durant sans jamais se cogner à la moindre frontière.

  • Tous sont muets, désespérément, quand bien même ils comprennent des personnages, ce qui ne va pas sans créer un profond sentiment de malaise.

  • Tous abritent en leur sein un effet, mot à double sens puisqu’il désigne à la fois des accessoires (un vélo, une tenue d’hiver…) et les capacités liées à ces accessoires.

 

Nous arrivons donc au but avoué de Yume Nikki : Collecter ces douze effets.

Le but inavoué : se perdre. Perdre Madotsuki dans les dédales de ses rêves, perdre la notion du temps, comme dans un long demi-sommeil, en naviguant à l’aveugle des heures durant, y perdre l’esprit, enfin, à chercher une logique dans un jeu qui n’en présente pas la moindre trace.

 

On l’aura compris, Yume Nikki s’expérimente plus qu’il ne se joue, et il n’est pas du tout nécessaire d’en venir à bout pour en apprécier la singularité. D’ailleurs, pourquoi voudrait-on en venir à bout ? Pourquoi sortir Madotsuki de cette douce confusion rêve-réalité dans laquelle elle se complaît ? On préférera garder Yumi Nikki dans un coin de son ordinateur et, quand l’envie s’en fera sentir, quand on ne pourra plus résister au désir de pincer une fois de plus ces mignonnes petites joues, on rejoindra Madotsuki dans une nouvelle escapade onirique.

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4 Comments

  1. woa, content que tu aies apprécié! Oui, ce jeu comme tu disais dans un commentaire de ton post précédent, est immense, regorge de salle cachée, de persos, d’endroit, de décors…

    Très bon article! 😀

  2. …moitié d’article 😉 Mais merci (pour la découverte, la traduction et le compliment)

  3. Nuprahtor

    By the way, have you tried .flow? It’s a game based on YN, but with different mood. I like them both.

    http://www.theneitherworld.com/yumenikki/links.htm

  4. admin

    I have not, but now I will.

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