The Captain (Browser [Unity])
Elijah Tebbetts
Après son angoissant Bisected Essence II, Elijah Tebbets est déjà de retour avec The Captain, un jeu conçu dans le cadre du Game Prototype Challenge #4. Les thèmes en étaient, je le rappelle, Burden et Sunlight.
Ce qui saute aux yeux dans The Captain, ce sont les graphismes qu’il emprunte à Bisected Essence II. Mêmes personnages à tête cubique ne vous quittant pas des yeux, mêmes décors gris et anguleux. On pourrait d’un côté se réjouir, ces graphismes ayant conférée une telle ambiance au jeu précédent! Mais on pourrait aussi le regretter, le sentiment de déjà-vu nous donnant envie de crier à l’auteur : « Vas-y, montre nous ce que tu sais faire d’autre! ».
Qu’on ne lui jette pas la pierre trop vite cependant, car The Captain est très différent de son prédécesseur. S’il perd en effet de surprise, en malaise, et en bande son, il gagne en sens, en narration, et par conséquent, en mystère.
En jouant à The Captain, ce qui m’a particulièrement frappé, c’est le respect des règles, des thèmes de base : Soleil, et Fardeau. Après celui-ci, tous les autres jeux du GPC m’ont semblé tourner autour de manière hasardeuse (ce qui n’enlève rien à leur qualité, hein!). Quel meilleur moyen de traiter du soleil que de le mettre lui-même en scène, dans toute sa splendeur et sa puissance? Peut-on envisager un meilleur fardeau que celui de la culpabilité?
Le jeu nous met dans la peau d’un Capitaine d’un vaisseau spatial en perdition. Les commandes sont déréglées, les portes de sortie bloquées, et le vulnérable engin de métal fonce droit sur un astre brûlant. A qui la faute? Dans ce genre de circonstances, c’est à l’autorité en place d’assumer la pleine responsabilité.
Les chances de survie sont nulles, et il n’y a donc dans The Captain guère d’autre à faire que de s’adresser à chaque membre de l’équipage, recueillir leurs peurs, leurs doutes, et laisser en suspend toutes leurs interrogations. Il ne s’agit pas de les sauver, encore moins de les rassurer, il s’agit simplement de prendre conscience de la gravité de votre erreur. Vos subalternes ne sont d’ailleurs pas dupes : Si chacun d’entre eux vous suit assidument des yeux, vous contemple comme un sauveur, ils détourneront les yeux juste après s’être adressés à vous, de déception et de mépris.
Avec le soleil qui s’approche montera votre culpabilité.
Quand la chaleur du soleil commence à brûler le vaisseau, plusieurs choix s’offrent alors à vous. Le suicide peut sembler le plus raisonnable : Avancer vers cette lumière ardente, se repentir, et montrer l’exemple à vos hommes, montrer qu’il n’y a plus rien à craindre ni à espérer. Mais ce choix s’avère aussi le plus frustrant. Et s’il y avait quelque chose d’autre ? Et si le jeu n’était pas fini?
En effet, pour apprécier The Captain jusqu’au bout, mieux vaut se retrancher dans sa propre cabine, au fond du vaisseau, et ainsi, être de manière tordue le dernier à quitter le navire, comme tout bon capitaine. Ce n’est qu’ainsi que vous pourrez espérer accéder au second niveau de lecture du jeu
Celle-ci, je préfère vous la laisser découvrir par vous même. Si elle vous semble obscure, vous pouvez toujours lire le post-mortem de l’auteur à son sujet comme j’ai du le faire moi-même.
Pnume
Marrant, moi ça m’a rappelé un film, Sunshine.
*spoiler*
La scène finale où le personnage central se fait englober par le soleil naissant… aucun rapport, mais tout de même.
*spoiler*
Sinon ce « jeu » (peut on parler de jeu?) m’a bien plus touché que bisected essence II (bien qu’extrêmement singulier). J’adore ce principe d’une double évocation, plus profonde, à l’instar de Coma.
admin
Je n’y avais pas pensé, mais en effet, le parallèle avec Coma est assez pertinent.
L’auteur lui dit s’être inspiré d’un jeu de playstation, Sentient (http://www.youtube.com/watch?v=mBfNYH70EEU) qui ma foi m’a l’air bien étonnant.
La fin de Sentient a l’air également similaire : http://www.youtube.com/watch?v=O5j2XxvQMT4&feature=related