cancelled refugeCancelled Refuge (Windows)
Sinclair Strange

 

Le premier niveau ressemble à une ballade au parc. Le deuxième, à peine plus exigeant, fait office de tutoriel. Au troisième niveau, les choses commencent à se corser. Au quatrième, c’est la panique, et seuls sans doute les joueurs aguerris de Megaman parviendront au bout du cinquième. Le truc…c’est que ces niveaux sont tous les mêmes.

 

Grand gagnant de la Ludum Dare 37 côté jam (création en équipe et en 72h), Cancelled Refuge profite du thème « One Room » (une seule salle/niveau) pour faire une petite expérience. Et si, plutôt que de créer des dizaines de niveaux différents, on se contentait d’un seul et le complexifiait au fur et à mesure ? Ajoutant des monstres de plus en plus nombreux, des pièges de plus en plus redoutables, des plate-formes de plus en plus étroites…

 

Ce procédé pourrait être interprété comme de la paresse intellectuelle, de la truanderie créative, mais ainsi poussé à l’extrême il prend une toute autre saveur, celle de la contrainte, et n’est bien sûr pas sans rappeler le farcisseur de texte de l’Oulipo.

 

Certes, il est plus facile d’ajouter une poignée d’ennemis à un niveau que d’en créer un autre de toutes pièces. Mais pour combien de temps ? D’ajout en ajout doit forcément arriver un seuil de complexité au-delà duquel repartir d’une base neuve devient la solution de facilité. Les joueurs aguerris de Megaman découvriront peut-être ce seuil. Les autres apprécieront quand même : il y a quelque chose d’obsédant dans la répétition, le superposition, le palimpseste, et Cancelled Refuge l’illustre parfaitement.