La coursièreLa Coursière (Windows, Mac, Linux)
ATP Project

 

Mains dans les poches, capuche sur la tête, écouteurs dans les oreilles, nous traversons les rues de Paris avec détermination. Tantôt pressant le pas pour se fondre la masse des Parisiens, tantôt le ralentissant pour se fondre dans celle des touristes. Il ne faudrait pas que quiconque nous suspecte. Il ne faudrait surtout pas attirer l’attention. Nous avons une mission et aujourd’hui est notre seule chance. La voix dans nos oreilles nous souffle les instructions. Elle est nos yeux. Les nôtres sont fixés sur la route. Nous n’avons pas les moyens de répondre, nous ne pouvons qu’obéir. Faire le vide dans notre cerveau et tel un lévrier concentrer toutes nos forces et pensées sur notre objectif. Nous y sommes presque. Nous la voyons au loin. Plus que quelques minutes, quelques foulées. Peu importe ce qui se passera ensuite, nous resterons à jamais dans les mémoires. Nous serons une héroïne.

 

Cela fait longtemps qu’un jeu ne m’avait pas autant bouleversé que La Coursière. Près de trente minutes plus tard, je crois être encore sous le choc. Pourtant, on ne peut pas dire que le jeu embrasse toutes les possibilités du médium : roman photo interactif, La Coursière ne consiste au fond qu’à cliquer d’écran en écran pour en dérouler le récit. Mais quel déroulement ! Quel récit ! Par ses flous cinétiques et sa musique dramatique, La Coursière parvient à créer un sentiment de vitesse et d’urgence plus fort que dans n’importe quel jeu de course, et c’est bien de ça dont il s’agit : d’une course, contre une montre dont nous avançons nous-mêmes les aiguilles.

 

J’ai traversé La Coursière la peur au ventre. Peur des menaces décrites par mon interlocuteur, peur de tout faire foirer, de ne pas être à la hauteur, mais peur surtout du dénouement, du but encore mystérieux de ma mission, peur que cette course effrénée ne finisse par évoquer maladroitement, accidentellement, indirectement, des événements parisiens encore trop récents. Mais La Coursière se conclut par une explosion de beauté, d’amour et de poésie, parisienne en un sens elle aussi.