Off fanfic

Contrairement à ce que j’ai précédemment annoncé : j’ai terminé Off.

 

Je me suis tué les yeux pendant plusieurs heures sur un écran que ma carte graphique déficiente obstruait d’affreuses bandes vertes. J’ai envie de pleurer, autant parce que j’ai mal aux yeux que parce que ce jeu est admirable du début aux fins.

 

Je reste sur ma position cependant : les combats, s’ils sont magnifiques et allongent la durée de jeu, deviennent très vite ennuyant. Mais à quelque chose malheur est bon, j’ai trouvé la parade : J’ai laissé ces combats répétitifs se dérouler en mode Automatique, pendant que je me reposais les yeux en rédigeant sur mon cahier une petite fan fiction sur Off.

 

J’ai donc essayé de m’inspirer des thèmes, de l’ambiance, pour ce petit texte absurde et improvisé que je vous laisse découvrir. Si le précédent article ne vous a pas incité à jouer à Off, j’espère que cette fanfic pourra le faire.

 

 


Il n’existe aux zones rien de plus vivifiant, de plus tonifiant, de plus lubrifiant même que les effluves enivrantes du métal à potron-minet.


Un savant mélange de sueur perlée, d’essence plombée et de héron cendré, avec une note grave et subtile de cuir que seules les narines les plus foliculées peuvent saisir au vol.


Je ne considère ma journée avenue que lorsque mes mains ont plongé dans les viscères brûlants de la bête pour en extraire la précieuse denrée, la matière brute, le premier des quatre éléments.

 

Oui, j’aime mon travail. Il n’y en a pas de plus gratifiant. J’aime sortir les vaches de l’étable et leur susurrer à l’oreille tatouée des mots réconfortants. J’aime les fendre dans la longueur d’un coup sec entre les deux yeux. J’aime séparer la chair du métal, puis les métaux des villes des métaux des champs.

 

Ceux des champs vont à droite, ce sont les métaux meubles et fertiles : laiton, cuivre, aluminite…ceux dans lesquels seuls la mousse peut pousser. Et sans mousse, pas d’huile, sans huile, pas de vache, sans vache, pas de métal, et sans métal…la vie ne serait qu’une interminable chute en travers du néant.

 

Ceux des villes vont à droite, aussi, mais sur un autre tas. Ce sont les abbats : plomb, fer, acier trempé…Les métaux inutiles, dérisoires, les métaux un peu nunuls. C’est pourquoi les riches les aiment et en pavent le sol de leurs villes. Enfin…à ce qu’il paraît : Je n’ai jamais eu l’honneur insigne de les visiter : Il faut une cravate.

 

Non contents de fouler du pied la sueur de notre front, les riches se rient impunément de nous. Ils sous surnomment sans affection aucune « les métalleux », et se moquent de nos manières frustres, de notre verbe si peu châtié. Nous faudrait-il le conjuguer au subjonctif futur pour qu’ils daignent serrer nos mains calleuses sans afficher leur plus profond dégoût?

 

Parfois, les jours de rancœur, j’en appelle à mes copensionnaires. Le regard fier et le buste bombé je les exhorte :

 

-N’êtes-vous donc pourvu d’aucune sorte de dignité, ce sentiment qui fait marcher debout et rehausse la tête? Allez-vous laisser pareille humiliation proliférer au sein des zones? Hissez le poing camarades, faites gronder la révolte, faites branler le manche, les ploutocrates à la citerne! Qu’on en fasse du sucre, et du bon, qu’on en soupoudre nos fraises quand les vieux jours viendront!

 

Mais ils me regardent hagard, et tristement bégayent :

 

-Mais…ce n’est…ce n’est qu’un jeu vidéo…

 

Je crois qu’ils ont peur. Peur que le vent souffle, figeant leurs grimaces à jamais, peur qu’en tombant du muret un torrent de plastique les emporte, peur qu’en s’endormant, ils ne se réveillent plus, peur qu’en s’éveillant ils ne trouvent jamais plus le sommeil. Peur d’être privés de dessert.

 

Moi je n’ai peur que du noir.

 

Oui, j’aime mon travail. Il n’y en a pas de plus gratifiant. J’aime sortir les vaches de l’étable et leur susurrer à l’oreille tatouée des mots réconfortants. J’aime les fendre dans la longueur d’un coup sec entre les deux yeux. J’aime séparer la chair du métal, puis les métaux des villes des métaux des champs. Mais pas dans n’importe quelle condition, pas dans n’importe quelle position. Pas accroupi devant la haute, pas à quatre pattes devant les spectres.

 

Les riches…les spectres…j’en viens à ne plus les différencier.

 

La reine dit que tout peut s’arranger, que quelque part au dessus de l’arc-en-ciel les cieux sont bleus, et que les rêves qu’on ose rêver deviennent réalité. Mon rêve, c’est une bouteille de fumée, un pain de viande, une jarre de plastique, et mes vaches à ex-traire. Rien d’autre. Cela ne semble pourtant pas enfreindre les les limites du réalisable bordel de merde de cul de bite. Mais aube après aube, la zone 1 se vêt de ténèbres.

 

Des rumeurs courent…en passant elles nous crient des mots plein d’espoir : Un homme va venir, il portera une casquette et un maillot des Dodgers, et il fera de sa sainte batte rejaillir la lumière sur nos zones impures. Nous vivrons libre comme la fumée, et baignerons dans un bonheur plastique irradiant, affranchis de la reine et des ectoplasmes.

 

Elles disent aussi de leurs cent bouches, que j’embrasserais une par une si cette chance m’était accordée, que pour provoquer sa venue, il suffit de trouver le lien.

 

Après des journées entières à le chercher dans les boyaux bovins, j’ai finalement levé les yeux : le liens en question n’était pas une chaîne, mais celui qui unit littérature, peinture, musique, bande dessinée et jeu vidéo. Il est maintenant là, sous mon nez, et je n’ai plus qu’à le cliquer.

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5 Comments

  1. Hmm, tu nous gâtes avec cette petite prose onirique un tantinet marxiste, un brin ritournelle mais définitivement riche en vocabulaire !

    (Des décilieuses pétales de vocabulaires glacés aux sucre et le mot « libre » est en toi !)

    Je n’ai pas encore terminé Off mais je me suis véritablement pourléché jusque là. Même si la contemplation un peu frustre des combats auto tiédit un peu l’ardeur photo-Zolaïque de cette oeuvre, la musique à elle seule jusitifie de s’y attarder.

    J’ai salué l’allusion à Brazil dans la zone 4 comme le miroir au teint imparfait qui manquait pour finir la boule à facettes !

    J’ai frissonné dans la chambre, de la solitude à l’imagination grimmesque maladive, enfance contaminée et pourtant tellement plus intense que celle qu’on nous sert par l’intermédiaire des médias.

    Et… heu, faut que j’aille boire une bière.

  2. Ouah, c’est vrai que je ne suis qu’au début de la zone 1 mais tout ce que tu as écrit me parle. Le ton est tout à fait en phase.
    Les combats sont effectivement longs mais ça en vaut la peine…

    Par contre si ton texte est très goutu, la chute m’a montré trop clairement que je tu m’as baladé tout du long.

    Et pour faire dans l’originalité, faut aussi que j’aille boire une bière.

  3. Merci à tous les deux. Je songe à peut-être ouvrir une catégorie fanfic sur l’oujevipo, j’aime bien l’exercice, mais il faut pour cela que d’autres jeux m’inspirent. Après j’ai un peu peur que ce faisant, je me fasse plaisir dans les fanfics et devienne complètement chiant dans les chroniques normales. Peut-être que c’est aussi mieux de naviguer entre les deux…je sais pas.

    Sakutei : je n’ai pas saisi l’allusion à Brazil pour ma part. Pourrais-tu éclairer mon ampoule à économie d’énergie?

    Fix, désolé pour la fin rude, mais je voulais faire du Crossmédia ^^ ça doit être Ankama qui me hante. Et puis j’avais pas d’autres idées.

    Bon ben…je vais boire une bière alors.

  4. Le temps de finir mon verre alors…

    Dans Brazil, le protagoniste se voit gaillardement recruté dans une entreprise déshumanisante au possible qui lui propose un réduit et… un demi-bureau qu’il doit partager avec son voisin dans le réduit d’à coté. Le bureau traverse donc la cloison, ce qui occassionne une scène assez fendard :D.

    On retrouve ce même « bureau entre deux réduits » dans la zone 4.

    Pas forcément évident, pour ça que j’en parlais dans mon premier com’ 😉

    Quand à l’idée de faire des fanfics régulièrement hé, j’ai envie de dire tu verras bien si ça prolifère ou pas ^^.

  5. Mince mon commentaire précédent à dû foirer.

    Pour ce qui est de la référence à Brazil, il s’agit en fait du bureau partagé dans la zone 4 (celui qu’on peut faire bouger à travers la cloison).

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