Milmiliar

 

Milmiliar (Windows, Browser)
Pitoum

 

Cent mille milliards.

Pas de sabords, mais de poèmes. C’est ce que Raymond Queneau, co-fondateur de l’Oulipo, a réussi à réunir dans un seul livre…de dix pages. Cette prouesse est possible grâce au principe de la poésie combinatoire. On choisir le premier vers, parmi 10, puis le deuxième, puis le troisième, etc, et il faut bien son talent d’écriture pour que chacun de ces sonnets demeure plaisant à lire et formellement admirable. Dans le cadre de la Geekopolis game jam, Pitoum a rendu hommage à cette œuvre en la transformant…en platformer.

En sautant de plate-forme en plate-forme, nous faisons apparaître les mots d’un sonnet quenaldien généré au préalable, en manquant la plate-forme, nous souillons notre page d’une gracieuse tâche d’encre. Plus encore qu’en jouant avec les bandelettes originales de l’œuvre, on pourra s’identifier nous même au scribouillard, pestant parce qu’à la fin du deuxième quatrain, il nous manque une rime en « ain ».

 

En plus d’être une formidable manière de faire découvrir ou redécouvrir cette œuvre magistrale (et qui, vous vous en doutez, me tient particulièrement à cœur), Milmiliar est aussi une manière de relever le défi de Queneau, et de proposer encore plus de cent mille milliards de poèmes. Si en effet Milmiliard n’intègre que 5 des sonnets découpés de Queneau, n’aboutissant ainsi qu’à 6 pauvres milliards de poèmes (514), il faut aussi songer au fait qu’à chaque partie, on peut manquer un mot, ou plusieurs.

 

Avec une moyenne disons de 8 mots par alexandrin, on obtient pour un seul et même vers 256 possibilités. Si mon raisonnement est exact (mais j’en doute), on obtiendrait alors quelque chose comme (514)256 poèmes. Et que dire des tâches d’encres apparaissant aléatoirement à l’écran ? Ne font-elles pas partie de poème en un sens ? J’ai mal à la tête rien que d’essayer d’imaginer le nombre obtenu. En tout cas, vous pouvez en être certain : le poème que vous écrirez, vous serez le premier à le lire.

 

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4 Comments

  1. Ce qui m’a beaucoup marqué c’est qu’on doit rester un certains temps sur une plateforme pour faire apparaître le mot complet : ça donne tout un rythme au jeu, comparable au rythme d’un alexandrin. C’est de la poésie plateformesque

  2. admin

    Il y avait un autre jeu qui abordait cette idée de courir sur des mots pour faire apparaître le poème, mais je n’arrive pas à remettre le doigt dessus…il est quelque part par ici pourtant ^^

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