Conway’s Inferno (Browser)
Feras Iskanderani, Alec Thomson et Ashan Gailus

 

Vous rappelez vous du Conway’s Game of life ? Cette simulation de vie où l’on observait des organismes se reproduire et évoluer selon un schéma mathématique très strict ?

Eh bien Conway’s Hell pourrait tout aussi bien s’appeler Conway’s Game of death car il consiste à observer des organismes brûler, se zombifier, et donc, d’une manière ou d’une autre, mourir.

 

En réalité, Conway’s Inferno n’applique pas réellement l’algorithme de Game of Life, mais un algorithme propre à chaque élément. Le feu s’étend en croix successives, les zombies vont systématiquement vers la gauche, et les aliens tirent les personnages vers le haut. Les combinaisons elles-même répondent à des lois algébriques, mais je préfère en référer aux tables limpides des auteurs plutôt que de les expliquer moi-même :

 

Le jeu qui en résulte est à la fois une simulation et un puzzle, et c’est peut-être là que le bât blesse. Associer ces deux genres est une excellente idée, et j’ai rarement eu l’occasion de la voir appliquée dans un jeu, seulement le mélange n’est pas homogène, la mayonnaise ne prend pas.

 

 

Attention, je ne vous déconseille pas Conway’s Inferno, au contraire, il y a trop de jeux intéressants à présenter pour que je perde du temps avec des jeux creux. Pour son originalité, Conway’s Inferno vaut le détour, seulement, je constate que la recette n’est pas encore au point (et on continue avec les métaphores culinaires, je crois que j’ai un peu faim).

 

Peut-être que l’erreur de ce jeu est justement sa filiation avec celui de Conway. On aimerait retrouver la même sensation de liberté, endosser sa blouse blanche et se prendre pour un savant fou, créer des réactions en chaînes dévastatrices et voir ces petites têtes jaunes périr de notre fantaisie. Seulement, puzzle oblige, il n’existe pour chaque niveau qu’une seule solution, ingénieusement conçue par les auteurs. Notre moral d’alchimiste de la destruction en prend alors un coup : on a l’impression de marcher dans les pas d’Iskanderani, Thomson et Gailus. Comme si, après des années de recherche, nous reproduisions l’équation E=mc², redécouvrions les lois de la gravité, résolvions à nouveau le Théorême de Fermat…

La moindre des choses, pour une simulation innovante, et de nous donner à nous-même, joueurs, le sentiment d’innover.

 

Si l’on aborde Conway’s Inferno de l’angle du puzzle, cette fois, c’est la simulation qui gêne. Bien que les énigmes soient bien dosées et la recherche de solution excitante, on sera gênée par le temps de la simulation. Attendre 20 secondes pour réaliser qu’on s’est planté, que tout est à refaire, c’est trop pour une cervelle en ébullition. Ça laisse le temps de refroidir.

 

Conway’s Inferno explore donc un territoire en friche, découvre une contrée lointaine, et nous permet de constater que ses richesses ne sont pas encore exploitable. On ne peut donc qu’espérer que ses auteurs y retournent, avec un meilleur matériel cette fois, et déterrent finalement les minerais précieux qu’il s’y cachent.