Before the law (Browser)
Brandon Brizzi

 

Pourquoi certains artistes ont un grand succès dans le domaine du jeu vidéo et d’autre pas?

Nous avions déjà observé le cas de Mondrian qui a inspiré un bon nombre de jeux, intéressons nous maintenant à Kafka.

 

Personnellement je n’ai eu l’occasion de lire qu’un seul ouvrage de Kafka : Le Procès, et ce très récemment. Kafka faisait partie de ces auteurs « que je dois lire un jour, mais que ça peut attendre parce que ceux là je les oublierais pas »…et au final, je n’ai franchement pas été déçu. Il y a des « classiques » qui ne méritent pas le foin qu’on fait autour d’eux, et Kafka n’en fait pas partie.

 

Du coup, je suis content, parce que je ne suis pas le seul à avoir adoré cette littérature, et que d’autres, plus créatifs que moi, proposent de prolonger l’expérience à travers des jeux vidéos. En voilà trois, tous inspirés d’une manière ou d’une autre par Kafka, par ses oeuvres, et par ce concept qui mérite bien sa place au dictionnaire « Kafkaïen »

A l’origine, « Before the law » ou « Devant la loi » en français est une parabole contée à K. dans Le Procès, et longuement commentée. Brandon Brizzi a tout simplement pensé à transposer cette parabole en très joli storytelling, crayonné sur papier canson.

L’ambiance est bien trouvée, ce n’est justement pas celle que j’avais pu m’imaginer, et c’est pourquoi j’en suis ravi. C’est une lecture de Kafka par un autre œil.

 

J’avais adoré cette parabole dans le roman, mais la difficulté est que le plus intéressant n’est pas tant la parabole en soit, mais les tergiversations interprétatives qui s’en suivent. Le jeu partait donc avec un handicap, Before the law avait tout à perdre dans cette adaptation sauf…

…Sauf si le média jeu vidéo pouvait en échange lui apporter une dimension supplémentaire.

Et c’est ce qu’il fait. Ne lisez pas ce qui suit si vous n’avez pas encore essayé le jeu (2 fois).

 

Before the law propose deux fins différentes. La première suit à la lettre le texte de Kafka, et je remercie l’auteur pour sa fidélité. La deuxième en revanche prend un cours tout à fait déviant, et je remercie l’auteur pour son audace.

Un transfert est établit entre l’homme de la campagne et le joueur. Pour que l’homme n’obéisse pas au gardien, il faut que le joueur n’obéisse pas au jeu (et ne presse donc pas la touche bas pour attendre). Brizzi a saisi ce qui est pour moi la sève même de Kafka : La logique de l’absurde. En allant à l’encontre de la logique, l’homme., tout comme le joueur ne peuvent logiquement s’attendre qu’à la réponse la plus cohérente : Si la loi fixée par le gardien, par le jeu, peut ainsi être ignorée, c’est qu’elle n’existe pas, et le livre de la loi sera par conséquent…blanc.

En revanche…lorsque dans une partie parallèle vous passâtes toute votre vie devant la porte, sans pouvoir entrer dans la loi…vous pouvez être certain que le livre contenait bien ce que vous y cherchiez.