Second Person Shooter Zato (Browser)
Himo

 

Dans le domaine du jeu vidéo, to shoot, ou tirer, est un verbe bien singulier.

On peut le conjuguer à la première personne du singulier (Doom), à la troisième personne du singulier (Max Payne) et on peut aussi envisager de tirer aux première et troisième personnes du pluriel dans des jeux multijoueurs en équipe (Counter Strike) mais à la deuxième personne, jamais! C’est comme « Je pleut » ça ne se fait pas.

 

Pour se le permettre, il faut être poète, c’est une licence qui n’est pas donnée à tout le monde. Poète, Himojii l’est peut-être, et il faut reconnaître à Second Person Shooter Zato un certain lyrisme, car qu’est ce que le lyrisme sinon une tendance artistique privilégiant l’expression de la subjectivité ?

Or jamais un jeu de tir n’a été aussi subjectif.

 

 

Second Person Shooter Zato propose de voir non plus par les yeux du tireur, mais par ceux de ses ennemis. Il ne s’agit pas pourtant d’un simple retournement de situation où le joueur contrôle les adversaires, cela a été vu de nombreuses fois, et n’apporte finalement pas de grandes modifications de gameplay. Ici, le joueur contrôle bien le tireur, mais à travers le regard des autres. Second Person Shooter est intensément sartrien.

 

Comme dans la plupart des shooters, un ennemi n’arrive jamais seul, l’écran par conséquent se fragmente, en deux, en trois, en quatre…et votre représentation se fait multiple. La distance qui vous sépare d’un ennemi ne sera évalué que par celle qui vous sépare de lui, et votre précision par l’air menaçant de votre fusil. Second Person Shooter Zato consiste par conséquent le plus souvent à tirer en direction de l’écran, à prendre le joueur pour cible et justifie ainsi admirablement son nom.

 

Il aurait été dommage de ne pas exploiter à fond un si brillant concept, Himo ne s’est donc pas privé. Dans chacun des deux dizaines de niveaux s’ajoutera une nouvelle difficulté. Monstres plus rapides, plus résistants, évidemment, mais aussi des obstacles, la faculté de se déplacer, et surtout, surtout : des monstres aux perceptions variables.

Certains seront très grands, et vous représenteront ainsi en plongée, d’autres tomberont du ciel, d’autres encore, coiffés d’une coupe afro, auront une visibilité plus réduite, d’autres se téléporteront…d’autres enfin, cerise sur le gâteau aux cerises, seront aveugles. Il vous faudra donc croiser les visions des autres monstres présent pour pouvoir les localiser…un vrai casse-tête.

 

Second Person Shooter Zato pourrait sembler injouable, pourtant le niveau de difficulté croissant permet d’appréhender ce nouveau gameplay et à traiter quatre fois plus d’informations en simultané que dans un jeu de tir traditionnel. Attention, je n’ai pas dit que c’était facile.

 

J’attends déjà avec impatience une hypothétique suite : un jeu de tir à la deuxième personne du pluriel, soit la même chose, mais en multijoueur. La table de la conjugaison serait enfin complète, et on pourrait s’attaquer aux verbes irréguliers.