Ode to Pixel Days (Browser)
Tahla Kaya

 

 

Dans le milieu du jeu vidéo indé, il y a une chose à ne pas dire, un gros tabou qui jette immédiatement l’opprobre sur celui qui le prononce : c’est que le pixel-art, c’est une solution de facilité.

Alors oui, le pixel-art est parfois un véritable travail artistique, et certains parviennent à créer des oeuvres somptueuses à l’aide de ces petits carrés de couleurs, mais pour le développeur indé lambda, sans aucune compétence en graphisme, le pixel art demeure un moyen bien pratique d’obtenir des résultats convenables sans trop de travail (j’en sais quelque chose). Plus la résolution est basse, plus il est facile de faire du “joli”, ou du moins du “pas trop moche”.

 

Le pixel-art d’Ode to Pixel Days n’est pas trop moche, son personnage principal, lui, l’est. Du moins c’est ainsi qui le ressent et donc que nous le voyons. Pour séduire la fille de ses rêves, il lui vient donc l’idée saugrenue de réduire progressivement sa résolution pour aboutir à ce résultat “pas trop moche”, pour gommer ses différences.

 

 

Tout en ouvrant cette réflexion très méta sur la résolution dans le jeu vidéo, Ode to Pixel Days nous raconte une très belle histoire, celle d’un ado mal dans sa peau qui tente d’échapper à son physique ingrat par la force de son imagination. Mais ce n’est que la première moitié du jeu, et donc de son cheminement, puisqu’il lui faudra par la suite apprendre à s’accepter et revenir dans le monde réel. C’est intelligent, touchant, et regorge de petites perles de narrative design. Pourtant, le jeu semble incomplet, mal fichu, de nombreux petits défauts viennent en ternir l’expérience, comme à titre d’exemple ce curseur inutile au milieu de l’écran, où l’affichage d’un laid sponsor en bas de celui-ci. Peut-être qu’Ode to Pixel Days est lui-aussi un adolescent au physique ingrat, et que c’est à nous de l’accepter et l’apprécier tel quel.

 

 

Via IndieGames.com