Minilization (Browser)
Jarnik (Jaroslav Meloun) et Petr Augustin

 

Minilization, c’est un jeu de civilisation qui a réduit au lavage. Conçu en moins de 48h pour la Ludum Dare 23 « Tiny World » il fait pourtant partie de la Jam (et non de la Compo) puisqu’il a réunit deux créateurs.

 

Minilization propose d’incarner non pas un, mais des générations entières de colons. L’enjeu : coloniser le petit monde qui s’offre à nous et faire évoluer notre civilisation jusqu’à son apogée, que celle-ci soit scientifique ou spirituelle, avant l’apocalypse. Un mélange de Civilization et des Colons de Catane en somme.

 

En termes de gameplay, le jeu est assez simple : déplacer un colon consomme son temps de vie mais permet d’accumuler des ressources. Ces ressources permettent de bâtir des maisons, des villages, puis des villes et d’investir dans la recherche pour faire évoluer notre civilisation. Chaque colon qui s’éteint, par la mort ou la sédentarisation, nous rapproche un peu plus de la fin du monde…et puis c’est tout. Minilization n’est donc pas particulièrement riche, et, une fois les règles bien saisies, pas particulièrement difficile. Mais Minilization n’est pas un jeu qui se joue « pour le fun », derrière son aspect stratégique très superficiel se cache une foule d’émotions qui ne demandent qu’à vous sauter au cœur.

 

Ceci s’explique parce que Minilization est un jeu à l’échelle humaine. Contrairement aux jeux de civilisation traditionnels ou le joueur est une puissance supérieure contrôlant simultanément et indirectement des milliers d’âmes, Minilization nous fait incarner un humain à la fois. Le premier colon, le fils du premier colon, le garçon du village d’à côté à qui on a vanté les exploits de ce dernier…Si tous ces colons se ressemblent comme deux gouttes d’eau, tous appartiennent à la même filiation, et cette filiation, le joueur la porte sur les épaules, à chaque nouvelle incarnation, il se donne la mission de ne pas décevoir les précédentes, et de ne pas compliquer la tâche aux suivantes. Nul doute que le vilain petit canard qui aura bâtit sa maison là où l’on aurait pu installer quatre cités sera détesté par toutes les générations à venir.

 

Il y a aussi ce moment dans Minilization où l’on se demande si tout cela ne serait pas un peu vain, où, pour la première fois, on se dit qu’on resterait bien tranquillement chez soi plutôt que d’aller explorer de nouveaux territoires et participer à l’effort collectif. Après tout, à quoi bon s’étendre ? N’a-t-on rien de mieux à faire ? Mais on se ressaisit : la fin du monde approche, et il faut à la civilisation trouver un échappatoire, fut-il scientifique ou spirituel. C’est cette fois le poids du déterminisme qui nous écrase, et toute la civilisation humaine qui est remise en cause. Réduite à une si petite échelle, celle-ci ne diffère finalement pas beaucoup d’une agitée fourmilière.