I Have 1 Day

I Have 1 Day (Browser)
Cellar Door games

 

Il est une règle d’or dans le jeu d’aventure point and click, c’est de ne jamais mettre le joueur en situation d’échec. Il arrive bien sur qu’on le fasse mourir, suite à une décision vraiment trop stupide, parce que quand même, pour le coup, il l’a bien mérité, mais il est extrêmement rare que le joueur débouche sur une situation dans laquelle il ne peut plus gagner, par exemple parce qu’il aurait oublié de ramasser un objet dans l’écran précédent, et qu’il ne peut plus y retourner.

Évidemment, il arrive souvent que le joueur éprouve cette sensation : « Bon, là vraiment, à part tremper le poisson dans du cirage pour le faire ressembler à une matraque et tenter d’assommer le garde avec, je ne vois pas ce qu’il faut faire. J’ai du manquer quelque chose, c’est foutu, je suis coincé ». Or le joueur n’est jamais vraiment coincé, en témoignera le walkthrough qu’il ira immédiatement pêcher sur internet.

 

Le jeu d’aventure point and click est gentil, linéaire, il ne veut pas votre perte, juste celle de votre temps. I Have 1 Day, lui, est incroyablement méchant. Une erreur, un faux pas, et c’est toute l’aventure qui est compromise.

 

 

Le but d’I Have 1 Day est de briser la malédiction qui vous cible, et pour cela, vous n’avez que 24 heures, sans quoi celle ci deviendra irréversible. Cela serait bien embêtant, car cette malédiction consiste en…enfin à…disons qu’elle consiste notamment à interdire sa cible de parler des effets de la malédiction…

 

I Have 1 Day est donc bâti sur un intelligent principe de temps. Chaque déplacement, et un bon nombre d’actions vous coûteront quelques unes de vos précieuses heures. Lambinez un peu trop, et c’est l’écran de game over qui vous attendra à la fin de la journée. Ne croyez pas pour autant qu’une fois l’ordre des actions connues, vous parviendrez au bout du jeu, car je vous l’ai dit : I Have 1 Day est méchant. Alors que dans un jeu d’aventure point and click traditionnel, chaque action de votre part constitue un pas de plus vers la victoire, dans ce jeu, les erreurs sont tout à fait permises, et ce que vous croyiez bien faire depuis le début peut s’avérer finalement une énorme perte de temps. Vous avez réussi à vous sortir de la prison au bout de trois heures? C’est bien, la prochaine fois essayez en deux. Vous avez réussi en deux heures? Essayez maintenant de trouver un autre moyen pour en sortir au bout d’une seule.

C’est tout? Pas encore! Vous devrez aussi prendre compte des contraintes de temps des PNJ : ce crétin de magicien qui n’ouvre sa boutique qu’à 7 heures, ce fichu garde qui vous bloque l’entrée au château jusqu’à 22h, etc. J’avais dit quoi? Ah oui, méchant.

 

Ce principe n’est pas sans furieusement rappeler le bijou de Delphine Software sorti en 1991 : Croisière pour un cadavre. D’ailleurs, I Have 1 Day s’ouvre tout comme son ancêtre par le personnage principal qui se fait assommer. Faut il y voir un hommage? Croisière pour un cadavre était lui aussi un méchant point and click, et il était lui aussi soumis à un système de temps. Commençant l’aventure à 8 heure du matin, le joueur avançait là aussi dans la journée en accomplissant un certain nombre d’actions. Certaines actions ne pouvaient s’effectuer qu’à une heure précise, et le jeu se concluait fatalement à 18h30. Croisière pour un cadavre était un jeu beau, brillant, intelligent (que je vous propose d’ailleurs de retrouver en abandonware), mais il avait un énorme défaut : Lui pouvait vous laisser sans scrupule en situation d’échec. Il suffisait de ne pas avoir parlé à Madame Suzanne à 11H30 pour se retrouver complètement coincé à 17h45. Pour peu que vous n’aviez pas prévu une sauvegarde antérieure à 11h30, vous etiez bon pour vous retaper tout le jeu.

 

I Have 1 Day créé lui aussi des situations d’échec, et c’est tout son intérêt, mais il a pallié au problème de Croisière pour un cadavre et créant un système de sauvegarde automatique. A tout moment, le joueur pourra alors revenir dans le passé, au début ou à la fin de l’heure qu’il souhaite, pour tenter de revivre un morceau de sa journée différemment, car si le jeu est court, et peut se terminer en une petite dizaine de minutes, il vous faudra avant cela le recommencer maintes et maintes fois.

 

Par ce format court, et cette répétition forcée, I Have 1 Day s’éloigne finalement un peu du jeu d’aventure point and click pour se rapprocher d’un autre genre de casse tête que j’appellerais hapland-like, ces jeux de stickmen où toutes les actions doivent être réalisées dans un ordre précis pour aboutir au final attendu.

 

I Have 1 Day est donc un jeu très original, un peu bâtard, qui vous fera vous creuser la tête juste le temps qu’il faut. Mais ce n’est pas sa seule qualité, et il bénéficie de nombreux autres aspects intéressants : D’entrée de jeu notamment, j’ai particulièrement aimé ce périmètre autour du curseur qui vous permet de voir à travers les barreaux de la cellule (voir capture d’écran). J’ai aussi apprécié les petites énigmes qui jalonnent l’histoire, ainsi que les diverses fins possibles. Enfin, le pixel-art d’I Have 1 Day est loin d’être hideux, et vous ramènera dans l’âge d’or du jeu d’aventure point and click. Il n’y aura finalement que cette foufoune rouge entre les cuisses des gardes pour m’intriguer un petit peu.

← Previous post

Next post →

3 Comments

  1. Celui me rappelle « KGB », un jeu d’aventure du 1991 aussi, probablement le jeu d’aventure le plus méchant et sévère de l’histoire, mais aussi le plus intense. « KGB » me fascine parce-que je ne connais d’autre jeu qui maltraite autant le joueur. Je te recommende de l’essaier, tu le trouveras comme abandonware aussi. Moi, je vais essaier « Croisière pour un cadavre » que je ne connaisais pas. Merci!

  2. J’ai trouvé KGB en abandonware, et je l’ai installé. Maintenant j’ai un peu peur de l’essayer. Je ne sais pas si je suis prêt pour le jeu « le plus méchant et sévère de l’Histoire ». C’est d’ailleurs ce que disent tous les critiques sur le net…brrr.
    Si je ne reviens pas sur l’Oujevipo, vous saurez pourquoi.

  3. Pyrofoux

    Y’a quelqu’un ?.
    Brrr… La température monte d’un coup.
    Héhé, en plein avril , c’est… heu…
    C’est quoi cette disquette ?
    « KGB » ? Cagibis ? Haha [b]:’D[/b]…
    Bon, bah, autant y jou…

    [b]D’:[/b][i] That was a bad idea…[/i]

Répondre à troshinsky Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *