Record Shop Tycoon

Record Shop Tycoon (Browser)
Xeptic Designs

 

Le but de l’Oujevipo est de faire découvrir des jeux originaux, soit.

J’ai toujours eu une grand préférence pour l’originalité formelle : dans le gameplay, dans la création par le biais de contraintes. Parfois pourtant l’originalité peut simplement prendre forme dans le fond (vous suivez derrière?) comme pour Record Shop Tycoon.

 

L’autre justification, c’est que j’ai perdu tellement de temps devant ce jeu qu’en le présentant ici, je me dis qu’il ne sera pas perdu pour tout le monde.

 

La dernière, c’est que je suis d’une mauvaise foi crasse.

 

 

Alors voilà. Record Shop Tycoon est l’archétype même du jeu de gestion : Aucune trace d’originalité ni à droite, ni à gauche, rien qui dépasse. Mais au lieu de prendre pour sujet un parc d’attraction (mouais…), une ville (pff), ou pire : un restaurant (boriiiiiiing), il choisit un disquaire.

 

 

Il s’agit donc de gérer les stocks, et ce par genres musicaux (et je précise pour ce qui seraient aussi idiots que moi « classics » ne signifie pas musique classique, mais plutôt vieux rocks) de s’adapter à son public (les gouts ne seront pas les même en banlieue qu’en centre ville), de gérer sa communication et ses équipements et…et c’est à peu près tout.

 

Quel est l’intérêt de Record Shop Tycoon?

 

-Eh bien, c’est amusant tout d’abord, et très prenant, ce qui est déjà pas mal. Qui n’a jamais rêvé de gérer un magasin de disque?

 

 

-Mais surtout, il y a ce twist final, sans doute même pas voulu, qui m’a frappé :

On ouvre notre magasin, on essaye de satisfaire sa clientèle, on fait bien pour qu’elle se sente bien, pour qu’elle trouve ce qu’elle cherche et qu’elle ne patiente pas trop longtemps à la caisse. Puis on achète un autre local, plus grand, pour satisfaire une plus grande clientèle, et on recommence à zéro.

 

On finit par acheter un gigantesque local, ces stocks qu’on prenait plaisir à calculer à l’exemplaire près, on les commande en vrac, à la centaine, et ça roule, l’argent rentre dans les caisses. Les clients auxquels on prenait autrefois soin, on les laisse filer en mettant le jeu en avance rapide. On ne se soucie plus que du chiffre généré en fin de journée et de l’état des stocks.

Au passage, on laisse un peu tombé le stock des indies, tout le monde s’en fout de toute façon.

 

Et on se rend alors compte, mais trop tard, que du gentil disquaire de quartier…on s’est transformé en horrible FNAC. Beurk!

 

On reconnaît bien là le modèle de réussite commun à tous jeux de gestions : grandir, grandir, grandir! Mais jusqu’à présent cela ne me choquait pas, j’ai moins de sensibilité sans doute pour la restauration que pour les disquaire.

 

Record Shop Tycoon m’a permis accidentellement de réaliser ce que le jeu de gestion peut avoir d’abject.

J’aime Record Shop Tycoon, car il m’a fait comprendre que je ne l’aimais pas.

 

Small is beautiful.

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4 Comments

  1. mister leon

    AAAAAAAAAAA j’ai enfin réussi à me décoller de ce jeu.

  2. hé bien, moi qui ai toujours stigmatisé l’industrie outrancière du disque, je ne peux trouver qu’un charme épique à prolonger l’expérience de l’échoppe du premier quartier en vendant coûte que coûte des CD à 14$ voire moins si j’ai un peu de réserve ! yeah ! Des rayons farcis aux indis, aux classics (Led Zep bon sang ! ) tout en gardant un karma au top.

    Tenir un petit commerce de passion, séduire quelques passants… faire rêver les petits groupes… voilà ce qui est rendu possible (ou tout au contraire irréalisable), l’espace de quelques clics par ce jeu démoniaqueet chronophage.

    La véritable attitude oujevipienne consisterait-elle à prendre le système à contre-pied et à profiter du fait qu’on à pas d’estomac à remplir et de gamin à abreuver de télé/market/console ?

    Let’s Rock ! Straigh to the boat that rocked !

  3. Techniquement, la vraie attitude oujevipienne serait de tenter de vendre des livres.

  4. J’aime beaucoup les visions que tu développes. Tu arrives à nous faire voir plein de choses dans ces petits jeux.

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